Raphaël Neal

À l’occasion de la parution du livre éponyme aux Editons Le bec en l’air, la Galerie VU’ présente pour la première fois une exposition de Raphaël Neal.

Ses photographies aux couleurs denses et vives font écho à l’âge d’or du cinéma hollywoodien et à la légende des stars du grand écran. Derrière l’éclat des costumes, le vernis du glamour, les faux-cils et les paillettes, une dramaturgie grinçante se joue. Les scènes où évoluent les créatures (car se sont bien des créatures, issues de l’imagination des producteurs de l’industrie cinématographique puis métamorphosées par le truchement des mises en scènes savamment échafaudées par le photographe) sont plus proches de Boulevard du crépuscule que des Hommes préfèrent les blondes.

Dans les images ciselées jusqu’au moindre détail, c’est toujours le même visage presque dissimulé sous l’épaisseur des fards. Car il s’agit là d’une série d’autoportraits, dérangeants dans leur dimension tantôt inquiétante tantôt sanglante et mortifère. Partout on devine que la violence couve ou explose. Les jeux de miroirs, les multitudes d’images dans l’image mettent les figures en abyme et en révèlent la schizophrénie et les dédoublements. Comme si Raphaël Neal jouait photographiquement une réinterprétation du Portrait de Dorian Gray, comme si derrière l’éternelle jeunesse, le sex appeal, le désirable, couvaient les dérèglements, la férocité et le prix à payer pour être gravé à jamais sur la pellicule, et qu’il venait nous le révéler.

Une rencontre avec Raphaël Neal et Alice Zeniter aura lieu à la Galerie VU’ le 3 décembre (sur inscription, places limitées).

Raphaël Neal est un photographe et cinéaste franco-britannique, dont le travail est distribué par l’Agence VU’. À travers le portrait et l’autoportrait, il explore le désir, l’artifice, la beauté et la nostalgie. Ses photographies sont exposées et publiées internationalement depuis 2005. Il a notamment publié les monographies Bates Productions (L’Oeil, 2019) et De qui aurais-je crainte ? (Le Bec en l’Air, 2015). Il travaille régulièrement pour la presse et collabore étroitement avec de nombreux musiciens sur leurs visuels. En 2014, il réalise son premier long métrage, Fever, l’histoire de deux adolescents parisiens criminels, co-écrit avec Alice Zeniter et adapté du roman éponyme de Leslie Kaplan. Sa série d’autoportraits The Windows of the World (2019) évoque la solitude de personnages retirés derrière leurs fenêtres et leurs écrans. Créés durant la pandémie du Covid-19, les autoportraits de Dark Circus (2020) mettent en scène les membres d’une troupe de cirque imaginaire se produisant sans public. En 2021, New Waves, une collection de portraits d’adolescents et de paysages déserts inspirée du dérèglement climatique et de ses contradictions est exposée au festival ImageSingulières et remporte différents prix dont la deuxième place au Sony World Photo Awards et le Portrait of Britain. Sa dernière série d’autoportraits, Hollywood Nightmares, est publiée au Bec en l’Air en octobre 2024. Raphaël Neal travaille actuellement sur un nouveau projet, Second Spring of the Faithful Man, une collection de portraits d’hommes de tous âges et tous horizons, dont l’esthétique évoque l’Orientalisme et les vitraux pré-raphaélites.