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La Face cachée, les citadelles industrielles vues du ciel de David Bard

Temps de lecture estimé : 5mins

Pour cette première publication de l’année, nous vous présentons la série « La Face cachée » réalisée par l’architecte photographe suisse David Bard. Ces vues aériennes mettent à nue la zone industrielle, révélant ainsi toute la force et la violence de ses entrailles. Précisément construites grâce à ce point de vue nouvellement possible, elles tentent d’inspirer l’émerveillement face à la modeste mais frappante sincérité de ces décors. Ce travail est actuellement exposé au Musée du Papier Peint à Mézières, aux côtés des photographies de Joël Tettamanti et Jean-Marc Yersin.
Tous les vendredis nous partageons le travail d’un·e photographe, cette rubrique est la vôtre, comme David Bard, soumettez-nous vos portfolios.

En ce jour, la frénésie et le désordre qui caractérise la construction de notre espace bâti interrogent. Nous, Hommes modernes, y errons à la merci de nos avides désirs, obnubilés par la quête absolue de ces plaisirs éphémères. Égarant nos regards au-devant d’une société si mercantile, nous nous suffisons de la perfection illusoire qu’elle promet de nous offrir. L ‘idylle de ce monde régi par le sensationnel attisant sans relâche nos tentations, dépeint alors un décor réducteur de la complexité de notre environnement. Ainsi, nous vivons encerclés de lieux exhibant sans retenue leur impudence et se sentant obligés de nous rappeler au moyen d’artifices aguicheurs leur faiblesse d ‘esprit. Cette course à l’exceptionnel nous éloigne jour après jour de ce qui compose réellement nos villes, nos villages et nos paysages; l’insignifiant. Faisant fi de cette fausse beauté cosmétique, l’insignifiant se révèle être la matière brute de nos territoires. Invisible et transparente, ordinaire et banale, elle est violente car franche, évidente car immédiate. L’écartant vulgairement nous n’y prêtons absolument aucun intérêt. Et malgré cela, il est bien rare que nous prenions pleinement conscience de l’importance de son rôle en tant que composante essentielle de nos quotidiens, ou que nous essayions même de comprendre à quel point elle est le fondement de nos structures sociales, culturelles et urbaines. Mais ne devrions-nous pas nous consacrer, au-delà de cette rigidité conformiste qui tend à réduire notre perception du réel, à l’ambition nouvelle de découvrir au travers du plus insipide et usuel des choses surprenantes et extraordinaires, car insoupçonnées?

« Du diamant rien ne peut naître, du fumier naissent les fleurs ». – Fabrizio De André

La zone industrielle est édifiée dans un seul et unique but, nous servir. À la fois lié et isolé du contexte de nos terres d’habitats, ce paysage fortement modifié par la main de l’Homme renferme derrière ses strictes enceintes grillagées la rage et l’ardeur qui le caractérise. Se protégeant fermement contre toute intrusion, l’industrie laisse ainsi à peine entrapercevoir la cruauté de ses entrailles. Façonnée par la rationalisation et le rendement de ses activités, elle disparaîtra dès l’instant où les prémices de sa stérilité se seront manifestées, et ce, afin de donner naissance à de nouveaux usages, d’autoriser Dame Nature à reprendre ses droits ou de laisser plus solennellement place à la ville. À l’intérieur de ces barricades, les espaces générés sont l’expression même de la brutalité, qu’il s’agisse de larges étendues perverties à des échelles inhumaines ou d’agrégats bâtis devenus urbanité en raison de leur extrême densité. Ces incommensurables spatialités exaltent durant leur sommeil la majesté d’un silence absolu tandis que leur éveil évoque la bestialité des primitives terres. Que ce soit des frêles hangars métalliques, des monstrueuses machines d ‘aciers ou des matières premières nourrissant leur tumulte, ils inspirent une insolente sublimité. L’étonnement de ce fait produit, tenant tout à la fois d’un sentiment de crainte et de respect, nous laisse alors songeurs face à ce que nous avons toujours omis de considérer.

La vue à vol d’oiseau abstrait. Elle distance des préjugés et force la curiosité en raison de cette mise à nu nouvellement possible. Ce point de vue volé au-dessus des hermétiques citadelles industrielles offre dès lors l’extraordinaire occasion de nous plonger dans leur intimité. Au travers de la complexité de ces compositions se découvre l’immédiateté de leur agencement congloméré, permettant d ‘inspirer l’émerveillement d’une modeste, mais frappante sincérité. Ces exemples démontrent ainsi concrètement ô combien la valeur d’un sujet ne dépend que du regard de son spectateur. Et qu’importe finalement la nature de ce sujet, la splendeur d ‘une prosaïque et humble richesse attend simplement que, sous des yeux attentifs, elle soit portée à la lumière.

David Bard est un jeune architecte suisse.
Il fonde en 2019 le bureau d’architecture BARD YERSIN architectes avec la collaboration de Thibault Yersin. Présents au coeur du contexte rural fribourgeois, ils oeuvrent à la transformation de ce paysage au fragile équilibre.
Ces photographies s’inscrivent dans la continuité de sa recherche théorique et architecturale sur l’éthique brutaliste, questionnant nos rapports aux éléments fondateurs de l’art de bâtir. La photographie est pour lui un moyen de révéler la force expressive de ses réflexions sur la matière brute et l’immédiateté.

https://davidbard.ch/

INFORMATIONS PRATIQUES

sam26jui(jui 26)13 h 30 min2022dim23jan(jan 23)17 h 00 minPrimalExposition collectiveMusée du Papier Peint, Route de l’Eglise 12 1684 Mézières, Suisse


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• Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille en pixels entre 1200 et 2000 pixels dans la plus grande partie de l’image ;
• Des légendes (si il y a) ;
• Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ;
• Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…)

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