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Actu Art ContemporainOtherSide Danser brut : entre art et dépossession de soi, Bozar Bruxelles Marie-Elisabeth De La Fresnaye19 novembre 2020 Partager Partager Temps de lecture estimé : 5minsAlors que nos voisins belges avaient vu leurs institutions culturelles fermées plus tôt que nous, retour sur une exposition majeure sur la place de la folie dans l’acte créateur. Sophie Lauwers, directrice des expositions de BOZAR Bruxelles nous annonçait lors de son interview de juin dernier, une programmation à venir autour du care et des liens entre art et bien-être. Danser Brut s’inscrit pleinement dans cette ambition. La reprise belge de la première exposition au LaM de Villeneuve d’Acq est une relecture du thème qui se tient de plus dans deux lieux : BOZAR Bruxelles et le Musée du Dr Guislain à Gand qui a la particularité d’être un véritable temple de la psychiatrie. « Briser les tabous et montrer que la perte de contrôle du mouvement suite à une maladie mentale est une pulsion créative énorme » tel que le précise Sophie Lauwers dans un parcours qui commence au début du XXème siècle jusqu’à la création contemporaine. Michel François, P. à l’infini, 1995, Courtesy de l’artiste et Xavier Hufkens Gallery, Bruxelles, © Courtesy de Xavier Hufkens Gallery / Michel François Transe, farandoles, épidémies de danse, cinéma et café-concert, burlesque et performances, de Charcot à Charlot* pour reprendre le titre d’un des chapitres, est une plongée dans les marges de l’inconscient et de la création. « La souffrance psychique a été une grande influence chez beaucoup d’artistes » résume Sophie Lauwers. « Ce que l’on découvre c’est que Charlie Chaplin a été très marqué par des malades psychiatriques » ajoute-t-elle et c’est l’une des parties les plus pertinentes du parcours. Jean-Martin Charcot avec son assistant Paul Richer et Albert Londe constituent un répertoire et une iconographie de l’hystérie qui encourage sa vulgarisation. C’est lors d’un bal des folles à la mi-Carême que Jane Avril réalise découvre à 15 ans ses dons pour la danse. Magnifiée par Toulouse Lautrec dans ses affiches, cette malade souffrant d’épilepsie entre au Moulin Rouge puis aux Folies Bergères et révolutionne le french cancan avec Yvette Guilbert. Valeska Gert, Tanzerische Pantomimen 1925 © Images des collections du Centre national de la danse CND Pantin. Dans la lignée de la célèbre danseuse de cabaret berlinoise des années 20 Valeska Gert qui ouvre le parcours, le cinéma muet puise dans ces figures grotesques et mouvements convulsifs d’un corps en possession, Georges Méliès est un adepte de la gestuelle hystérique. Mary Wigman pose les jalons de la chorégraphie moderne avec sa « Danse de la sorcière » de 1914, disloquée et primitive. Dans le film Paracelsus de Georg Wilhelm Pabst de 1943 le danseur solitaire pris de danse diabolique, entraine une foule comme hypnotisée. Une scène très forte de l’exposition qui inspire les créateurs, comme Michael Jackson suivant une comparaison assez édifiante avec Thriller. Rebecca Horn, Pencil Mask de Performances II, 1973, Tate: présenté par l’artiste en 2000, © Rebecca Horn Et l’on songe aux marathons de la danse de la Grande Dépression aux Etats Unis, une lente descente aux enfers pour quelques dollars, immortalisée par Sydney Pollack dans son film mythique On achève bien les chevaux. Puis nous traversons une forêt de gestes avec ce langage non verbal et corporel des mains comme celles photographiées par Luciano d’Alessandro dans un hôpital phsychiatrique italien très émouvantes ou les mouvements des catcheuses de l’américain Lewis Smith qu’il dessine sur des papiers d’emballage. Un répertoire plus proche de la danse que du combat. Le dernier volet « la danse du crayon » nous révèle les dessins inédits de Vaslav Nijinski dont la schizophrénie le pousse à arrêter la scène pour se retirer en Suisse. Adolf Wöflfi également atteint de troubles mentaux, est frappé d’une intense créativité quasi obsessionnelle. On est proche de l’écriture automatique d’Henri Michaux. Rebecca Horn, elle se sert d’un masque de cuir agrémenté de crayons et posé sur son visage pour dessiner dans la performance troublante : the « Pencil Mask » de 1973. Joachim Koester termine ce parcours avec le film Tantrism qui nous renvoient dans les spasmes et les transes des premières tarentelles et épidémies ardentes collectives Moyen-âgeuses. Michaël Borremans, Red Hand, Green Hand (2), 2010, Collection particulière, courtesy de Zeno X Gallery, Anvers En complément, je vous recommande la lecture du livre « Le bal des folles » premier roman de Vicoria Mas sur ces internées de la Pitié Salpêtrière, toutes patientes du Dr Charcot. Ce bal de la mi-Carême où le Tout Paris se précipite pour voir les folles déguisées pour l’occasion. Une galerie de portraits troublante de ces héroïnes qui se heurtent au voyeurisme généralisé de toute une société. *De Charcot à Charlot (2001) de Rae Beth Gordon INFOS PRATIQUES : Hors de soi, Danser brut jusqu’au 10 janvier 2020 BOZAR Rue Ravenstein 23 1000 Bruxelles, Belgique https://www.bozar.be/ Musée Dr. Guislain Jozef Guislainstraat, 43 9000 Gent, Belgique http://museumdrguislain.be/fr Marque-page2
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