L'Invité·e

Carte blanche à Anne Immelé : Ce noir tout autour qui paraît nous cerner

Temps de lecture estimé : 3mins

Pour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invitée Anne Immelé, photographe, co-fondatrice et directrice artistique de la Biennale Photo de Mulhouse nous présente l’exposition « Ce noir tout autour qui paraît nous cerner » à voir dans le cadre de la programmation de la manifestation de cette année. Un projet curatorial de deux ans qui a failli ne jamais voir le jour…

S’inscrivant au coeur de la programmation de la BPM 2020, l’exposition sur laquelle je travaille depuis deux années maintenant a failli ne pas avoir lieu. Elle tient son titre des mots que le poète Gérard Haller a consacré aux photographies d’Alain Willaume : « C’est dans le noir. Ils regardent. On les voit mal d’abord, on a du mal à les discerner – et peut-être ont-ils peur, eux-mêmes, de s’avancer au bord de ce noir tout autour qui paraît les cerner. Cependant c’est là qu’ils se tiennent : au bord de la lumière. ».

Extrait d’UN GRAND VOYAGE VERS LA NUIT
Par Nicolas Bézard
Novo Hors série n°21
septembre 2020

« Elle est minuscule sur cette photographie, et pourtant on ne voit qu’elle. Une silhouette humaine – un homme ou une femme – debout sur sur un improbable plongeoir suspendu au dessus du vide. On se demande ce qu’elle fait là, au bord des chutes du Niagara qui disent – qui hurlent – l’effondrement symbolique du monde. Sur sa frêle planche de salut, la silhouette semble hésiter. Va-t-elle se laisser aspirer par le gouffre rugissant, à l’image des gerbes d’écume qui l’entourent  ? Ou bien prendre son envol, s’arracher à l’attraction de ce néant qui la menace ?
Cette hésitation entre l’imminence d’une fin et l’éventualité d’un devenir est au cœur de l’exposition collective proposée par Anne Immelé au Musée des Beaux Arts. La parabole qu’en offre Alain Willaume est vertigineuse, la vision de cette ombre acculée rappelant avec force le point de non-retour atteint par une humanité qui vacille aujourd’hui sur ses certitudes.

Il fallait donner une forme à ce parcours, tisser un lien entre les imaginaires puissants d’Alain Willaume, de Geert Goiris et de Raymond Meeks, la poésie immersive de Nolwenn Brod, les recherches plasticiennes d’Isabelle Giovacchini, la sensibilité documentaire de Giovanna Silva ou les paysages mentaux de Jean-Baptiste Grangier. Évocateur sans être directement narratif, l’angle trouvé par la commissaire d’exposition est celui d’une scansion en trois temps, trois parties qui se répondent au fil des salles : Ce qui fut, Le temps présent et Les visions du futur. Si certains des univers présentés sont facilement rattachables à un de ces « âges », d’autres en revanche prennent un malin plaisir à naviguer en dehors des lignes de la chronologie. C’est le cas de celui d’Alain Willaume, dont le pouvoir allégorique transcende les contextes et les époques, le fameux « ici et maintenant » de la photographie, pour toucher à un universel humain où la mémoire de ce qui a été et la prémonition de ce qui nous attend s’entremêlent. »

http://www.biennale-photo-mulhouse.com/2020/

INFORMATIONS PRATIQUES

mar01sep0 h 00 minsam31oct(oct 31)0 h 00 min4ème édition de BPM - Biennale Photo de MulhouseThis is the End

La Rédaction
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