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Carte blanche à Sophie Zénon : « C’est Beyrouth » à l’institut culturel de l’Islam

Temps de lecture estimé : 4mins

Tout au long de la semaine, notre invitée, la photographe Sophie Zénon a décidé de nous faire voyager dans son quartier, celui de la Goutte d’or dans le 18ème arrondissement de Paris. Pour sa seconde carte blanche, elle nous présente l’exposition « C’est Beyrouth » présentée actuellement à l’institut culturel de l’Islam. Une exposition de photographies et de vidéos passionnante sur les habitants de la capitale libanaise.

Etablissement culturel de la Ville de Paris, à la fois centre d’art contemporain, scène musicale, et lieu de dialogue et d’apprentissage, L’Institut des Cultures de l’Islam est un lieu où je vais régulièrement pour découvrir sa riche programmation artistique. Actuellement se déploie au sein de ses deux espaces de la rue Léon et de la rue Stephenson, une exposition passionnante et imposante de photographies et vidéos sur Beyrouth.

16 photographes et vidéastes explorent la société beyrouthine, traumatisée et fragilisée par les guerres à répétition et témoignent de la place de la communauté, de la religion et de l’individu à Beyrouth depuis le conflit israélo-libanais de 2006. Sabyl Ghoussoub, le commissaire de l’exposition, a choisi des oeuvres qui documentent l’actualité des habitants de Beyrouth : omniprésence de la religion, les conditions de vie des réfugiés palestiniens et syriens comme celles des travailleurs migrants venus d’Asie notamment, les discriminations en raison de l’homosexualité, les échappatoires d’une génération désorientée. Et, confie-t-il, qui donnent la parole à ceux « qu’on n’entend jamais », à ceux « qu’on ne voit pas », aux « exclus de la ville où tout le monde se sent minoritaire, persécuté ».
Rue Léon, point de départ de l’exposition, l’espace accorde une place importante à la religion et au corps (les visages du prophète Ali ou de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, tatoués sur les corps de miliciens chiites ; hommes en maillot bronzant et priant au soleil). Rue Stephenson, l’espace poursuit la thématique de la religion, puis des communautés et des minorités.

Dans le hammam de l’institut, j’ai retrouvé le travail de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, « Tout est vrai » , une installation vidéo, où des travailleurs étrangers racontent leur parcours de vie, de leurs rêves aux difficultés quotidiennes au Liban. J’ai découvert en 2016 le travail de ces deux artistes grâce à une exposition présentée par le Jeu de Paume : «  Se souvenir de la lumière ». Leur pratique artistique est pour moi une source de stimulation permanente, en particulier leur subtile manière de tisser des liens thématiques, conceptuels et formels entre photographies, installations vidéos, films de fiction ou documentaires. Ils questionnent la représentation au sein de nos sociétés et travaillent à partir de documents personnels et politiques, cherchant sans cesse à remettre en question les représentations dominantes. Souvent, Ils invitent les visiteurs à être actifs, à interagir avec les œuvres. Pour prolonger la découverte de leur travail : la galerie In Situ de Fabienne Leclerc, à un saut de puce de la rue Stéphenson, les représente (14, boulevard de la Chapelle, 75018).

Une exposition avec les oeuvres d’artistes libanais reconnus comme Patrick Baz, Ziad Antar, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ou Fouad Elkoury. De jeunes artistes libanais : Mohammad Abdouni, Nathalie Naccache, Myriam Boulos, Sirine Fattouh, Hassan Ammar, Dalia Khamissy, Randa Mirza ou Roy Dib. Des artistes français : Cha Gonzalez, Vianney Le Caer ou Christophe Donner.
Commissariat : Sabyl Ghoussoub
Direction artistique : Bérénice Saliou
Direction générale : Stéphanie Chazalon
Comité scientifique : Dimitri Beck, Marine Bougaran, Ziad Majed, Tarek Nahas, Rasha Salah

Autour de l’exposition, des spectacles, des projections et des tables rondes prolongent cette immersion libanaise, jusqu’au 28 juillet. Des conférences, des films et des documentaires sont programmés notamment sur le photojournalisme, le multiconfessionnalisme, les initiatives de la société civile, les figures emblématiques du pays.
A noter la projection le 17 mai à 20h de « Falafel » le premier long métrage de Michel Kammoun qui a remporté de nombreux prix, en Europe et au Moyen-Orient. Réalisé en 2006, ce film grave et léger à la fois, dresse le portrait d’une jeunesse qui ressent toujours la menace de la violence.
Et le 24 mai, « Tombé du ciel » de Wissam Charaf, acteur et réalisateur libanais connu notamment pour ses films « Souvenir inoubliable d’un ami (2018) », « It’s all in Lebanon (2012) », ou encore « L’armée des fourmis (2007) ». Entre drame et comédie, ce film illustre le destin de tous ceux qui ont traversé l’enfer de la guerre civile.

INFORMATIONS PRATIQUES

jeu28mar11 h 00 mindim28jul19 h 00 minC'est BeyrouthExposition CollectiveInstitut des Cultures d’Islam, 56, rue Stephenson 75018 Paris

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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