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Partager Partager OtherSide Ouverture du nouveau Confort moderne, rencontre avec Yann Chevallier Marie-Elisabeth De La Fresnaye8 janvier 2018 Temps de lecture estimé : 9minsIntransigeant, généreux, pionnier, le Confort moderne est devenu en 30 ans un lieu emblématique de la scène contemporaine en terme de vocations musicales et d’expérimentations artistiques. De multiples sédimentations inscrites en ce lieu qui renait sous l’impulsion de Yann Chevallier son directeur et Nicole Concordet, l’architecte choisie pour cette réhabilitation augmentée. « C’est de l’expérience que nait le programme et non du programme que nait l’expérience ! » – Yann Chevallier A l’issue de 16 mois de travaux, ce sont 8500 m² déployés autour de 3 acteurs majeurs : l’association l’Oreille est Hardie à l’origine du lieu, Jazz à Poitiers et la Fanzinothèque dont le rayonnement a dépassé la ville et le territoire poitevin. L’identité originelle de friche a été préservée dans cette opération de requalification réussie tout en réinterrogeant les usages et enjeux du projet. Yann Chevallier homme orchestre de cette mutation sans précédent a répondu à nos questions, avant d’accueillir la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen venue tout spécialement pour l’occasion. 9 lives : Quelle vocation du Confort Moderne : historique et récente métamorphose Yann Chevallier : L’aventure du Confort moderne est une histoire associative, une histoire militante qui débute avec une association l’Oreille est hardie qui de 1977 à 1985 organise des concerts et des diffusions vidéo dans toute la ville avec des noms qui fondent l’identité artistique du lieu et son exigence, comme Sonic Youth en 1983, les Cure en 1979, Cesaria Evora en 1981. Pour résumer ils présentent de la musique du monde avant son invention, et le rock dur et expérimental de l’époque. Après cette 1ère phase nomade, en 1985 l’envie de créer un lieu est lancée par l’arrivée de Fazette Bordage (après le départ de Francis Falceto) à l’origine ensuite des Hôpitaux éphémères, Mains d’œuvre, le Point Ephémère …sur le modèle des ces lieux du nord de l’Europe abandonnés par les industries que l’on récupère pour y mener des projets culturels. C’est une phase de squat activiste pour bâtir un lieu inédit dans la cité et y accueillir des cultures qui n’ont pas de place et qui se fabriquent avec les artistes. Ils trouvent une vieille fonderie puis un entrepôt d’électroménager sans qualité particulière, s’y installent et y travaillent suscitant un écho très fort comme l’une des premières friches en France. La mairie saisit cet intérêt achète le lieu et le met à la disposition de l’association. De 1985 à fin 2000 phase de professionnalisation et de développement avec comme dates clés en 1989 l’exposition « Jardin Théâtre Bestiarium » coproduite avec Chris Dercon du MOMA PS1 New York et surtout la fascinante piscine de James Turrell en 1992 que tout le monde rêve de reproduire depuis ! Dans les années 1990 le projet bicéphale s’écartèle entre d’un côté un repli sur des musiques underground très dures, hard core et une programmation artistique plus institutionnelle avec Fabrice Hybert, ou Jean-Luc Moulène. Dans les années 2000 revient l’envie de réinterroger l’impulsion des pionniers et concilier centre d’art et scène de musiques actuelles pour marcher ensemble et être à l’intersection d’un seul et même projet. Enfin la réhabilitation avec la concrétisation d’une pensée d’usage, de temps qui créent une forme non pas seulement un bâtiment mais une œuvre collective. En ce qui concerne notre mode de fonctionnement toutes les actions entreprises sur le site doivent être validées par : notre pôle curatorial avec un curateur éducation & recherche, curateur art et curateur musique, la directrice de la Fanzinothèque, le directeur de Jazz à Poitiers et moi. L’association l’Oreille est hardie/Confort moderne regroupe 16 salariés, la Fanzinothèque 4 salariés et Jazz à Poitiers : 3 salariés. Nous sommes au total 23 personnes sans compter les services civiques, les stagiaires, les intermittents.. 9 lives : Le Chantier : cahier des charges, coût, financement, partenaires. Y. C. : Une mission prioritaire : améliorer l’accueil à la fois du public, des artistes, des professionnels. 2ème mission : un fonctionnement du lieu de jour comme de nuit 3ème mission : ouvrir le lieu sur le quartier. Cahier des charges : partir des marqueurs forts du lieu, sa salle de concert, son espace d’exposition qui ont écrit l’histoire, donner plus de place à la Fanzinothèque et la rendre visible pour créer un projet plus global. L’enjeu fondamental : garder l’âme du lieu et l’attitude de l’architecte, Nicole Concordet, a été formidable dans ce sens car elle a su rester à l’écoute en inscrivant la maîtrise d’ouvrage dans tous les contrats et à toutes les étapes, en concertation avec la ville par le biais du dialogue compétitif. Cela mérite d’être souligné. Nicole Concordet défend une architecture HQH, haute qualité humaine avec un chantier labellisé acte culturel, le tout ayant généré une aventure humaine formidable. Le coût global du projet s’élève à 8 millions d’euros toute opération, représentant 5 millions de travaux sur 8500 m² de parcelle, 5000m² de bâti, soit 1100 €/m² ce qui illustre aussi la façon de travailler de l’association. En détail la Ville de Poitiers à contribué à hauteur de 5,7 millions d’euros, la Région nouvelle aquitaine pour 1 million €, l’Etat à hauteur de 800 000 € et le département pour 500 000€. C’est un vrai projet partenarial. 9 lives : Les expositions d’ouverture Y. C. : Il y a cette envie commune qui précède à toutes les propositions. Nous souhaitions voir grand avec plus de 80 artistes présents pour le week-end d’ouverture, 4 expositions, 18 concerts de 14h à 5h du matin à l’image de notre feuille route : générosité, ouverture, décloisonnement, avec une certaine impatience depuis 2 ans que l’on y travaille ! Si nous avons un public jeune, étant représentants de la Youth culture nous avons aussi des gens d’une soixantaine d’années qui ont grandi avec le lieu. Il y a une vraie diversité sociale essentielle à mes yeux. L’éloignement du centre était un frein avec un certain enclavement du site, corrigé par le geste de l’architecte et la nouvelle visibilité apportée par les peintures flash des artistes Lang et Baumann sur les façades de la maison du Comité du quartier. Malgré tout, nous ne sommes qu’à 20 mns à pied du centre ville et cela passera par une prise de conscience que la voiture n’est plus le moyen de locomotion privilégié tout en travaillant étroitement une fois de plus, avec les pouvoirs publics pour avoir des services de transport en commun efficaces. 9 lives : Programmation à venir Y. C. : La programmation va être densifiée avec comme nouveautés : à partir de midi tous les jours vous pourrez voir une exposition, aller à la Fanzinothèque, acheter des disques au Transat et manger au restaurant ! Les soirs de concert la programmation reste la même : musiques émergentes, programmation internationale, tout en restant attentifs à ne pas devenir les valets ni de l’industrie musicale ni du marché de l’art. Se méfier des visibilités trop fortes étant de plus aujourd’hui à un moment de visibilité assez unique. Ne pas dépendre des mécanismes de légitimation institutionnelle. Continuer à faire confiance à des approches sensibles. 9 lives : Ambitions nouvelles et stratégies sur le territoire et au delà Y. C. : A l’international, si l’on prend les artistes des grandes villes américaines comme New York ou Chicago ils sont capables de trouver les moyens de réaliser leurs pièces mais ce qui leur manque est le temps, l’espace et l’attention. Or c’est précisément ce que l’on peut leur offrir. Les résidences constituées de 10 chambres, 2 studios et 1 foyer ont été aménagées dans un ancien bâtiment de stockage réhabilité. En matière de sélection, nous partons d’abord des expériences menées sans imposer un programme prédéfini qui va infléchir les formes produites. Sur le territoire de Poitiers, nous jouons souvent le rôle d’éclaireurs, comme par exemple avec l’expérience du dialogue compétitif amorcé par la ville pour la première fois et repris depuis. De même pour le projet lié au Palais de Justice transformé à terme en espace culturel puisque pendant les travaux nous y avons produit des expositions dans la salle des Pas perdus. Poitiers étant une ville culturelle riche avec de nombreux acteurs (Scène nationale, Futoroscope, Frac..), l’enjeu va être de trouver des synergies plus fortes entre tous ces mondes tout en respectant les usages et disciplines de chacun. Nous sommes le plus performants en restant complémentaires. Pour résumer nos axes de développement sont : collaborations à tous les étages (musique et art avec d’autres institutions européennes) ; inscription plus forte sur le territoire et surtout déploiement du programme de transmission (écoles d’art et éduction alternative aves des expériences sociales mixtes). Développer une école mais une école sans programme, un style Confort moderne qu’on se doit de transmettre. INFOS PRATIQUES : • Tainted Love « Une salle de bal désertée. Des lustres, des corps fragmentés, des vêtements multiplient les effets de suspension. Des fantômes dansent sur ce hit de cœurs noirs et simulent un mysticisme sentimental. Les vies se croisent. Les œuvres posent. Le Sensible s’expose. L’exposition ne parle pas, l’image est fixe, le son coupé. L’intime, le secret, les alcôves et autres lieux de rencontre (..) » Commissariat : Yann Chevallier Avec : Rita Ackermann, Aude Anquetil, Fabienne Audéoud Et John Russell, Sadie Benning, Travis Boyer, Liz Craft, Vava Dudu, Roe Ethridge, Théodore Fivel, Sylvie Fleury, Georg Gatsas, Lise Haller Baggesen, Maria Hassabi, Celia Hempton, Ella Kruglyanskaya, Tarek Lakhrissi, Cécile Paris, Emilie Pitoiset, Eileen Quinlan, Pierre René-Worms, Azzedine Saleck & Apolonia Sokol, Segondurante, Cheyney Thompson, Betty Tompkins, We Are The Painters, Nicole Wermers Jusqu’au 4 mars 2018 • Feed me with your kiss de Stéphanie Cherpin Septembre 2017, Stéphanie Cherpin demande à 21 artistes de lui faire don d’une œuvre personnelle (potlatch). Il s’ensuit une collecte à travers la France et la Belgique directement dans les ateliers. Les œuvres d’art ainsi récupérées deviennent au Confort Moderne, matière première pour la réalisation de l’exposition. Avec : Henri-Jacques Ancona, Rémi Cneude, Jordan Derrien, Clément Gaillard, Clément Gressier, Maixent Jouault, Vivien Leseur, Louise Mervelet, Maxime Le Nahelec, Chiara Recrosio, d’après les œuvres de Nadia Agnolet, Kevin Barois, Léa Beaubois, Martin Belou, Laurent Le Deunff, David Evrard, François Etienne, Laurent Faulon, Louis Gary, Léo Gillet, Clement Herbert, Charlie Jeffery, Quentin Lemarchand, Jonas Locht, Anita Molinero, Robin Moreels, Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion, Kevin Rouillard, Sarah Tritz, Tom Valckenaere. Le Confort moderne 185 rue du Faubourg du Pont Neuf 86000 Poitiers http://www.confort-moderne.fr Retour en image : portfolio, journal, radio, confort TV Accès : En train : A 1h15 de la gare Montparnasse en TGV, vous pouvez vous rendre de la gare SNCF au Confort Moderne en bus par les lignes 11, 12, 15 ou N2 (Noctambus). Marque-page0
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