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Anna Katharina Scheidegger, lauréate de la 5ème édition du programme de Résidence Picto Lab / Expérimenter l’image

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Le jury de la cinquième édition du programme de Résidence Picto Lab / Expérimenter l’image porté par Picto Foundation vient de choisir la nouvelle lauréate, il s’agit de la photographe suisse Anna Katharina Scheidegger pour son projet inspiré du plancton marin « Fragile Warning Lights ». Elle entrera en résidence en mai prochain pour une durée de trois mois afin d’expérimenter des techniques de création d’images à partir de plancton bioluminescent, mais aussi à partir d’autres micro-organismes. Le fruit de son travail sera présenté à l’occasion du prochain salon a ppr oc he, en novembre prochain.

Dans son travail, Anna Katharina Scheidegger aborde fréquemment les questions liées à la fragilité de la nature et utilise son savoir-faire technique pour susciter une réflexion tout en explorant les limites de l’image. En plus de maîtriser l’impression pour obtenir au plus près le sentiment recherché, le recours à l’effacement, à la disparition, à la dégradation témoigne de sa conviction que la photographie est autant, sinon plus, un outil de réflexion que de représentation.

Test avec Pyrocystis lunula sur plan film Kodak portra 160 © Anna Katharina Scheidegger

Son projet de résidence :

« Le plancton marin est l’un des principaux supports de l’existence de notre propre espèce. Il constitue non seulement la base de la chaîne alimentaire marine, mais il capture aussi une part importante du dioxyde de carbone atmosphérique et émet de l’oxygène par photosynthèse. Ces micro-organismes ne représentent que 1 % de la masse végétale totale de la planète, mais produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons. Ce poumon de la planète est menacé. Depuis les années 1950, les populations de phytoplanctons ont diminué de 40 %.

FRAGILE WARNING LIGHTS est une recherche photographique sur les spécificités du phytoplancton doté de bioluminescence (notamment les Dinophytes, encore appelés Dinoflagellés). La bioluminescence est l’émission de lumière par des organismes vivants, résultant d’une réaction chimique qui convertit l’énergie chimique en lumière visible. L’émission de ces flashs lumineux est due à un accès de stress, généralement lié au remous des vagues.Pour la fabrication des images de FRAGILE WARNING LIGHTS, je pratique la photographie au sens étymologique du terme : j’écris avec la lumière.

Phototype – © Anna Katharina Scheidegger

« La technique du photogramme (l’un des procédés les plus directs de la photographie, perfectionné notamment par Man Ray) consiste à poser un objet sur une surface photosensible. Après l’exposition, l’objet reste visible sous la forme d’une trace lumineuse. En posant du plancton bioluminescent sur un plan-film, celui-ci est exposé uniquement par l’émission de lumière du plancton. L’instantané des flashs lumineux et l’agitation du plancton sont ainsi fixés dans une image qui, en enregistrant le mouvement, capte les dégradés et crée visuellement une profondeur.

Je souhaite approfondir ma recherche sur la création d’images avec du plancton bioluminescent, en l’élargissant à d’autres micro-organismes au-delà du Pyrocystis lunula, que j’ai utilisé pour les premières images, et tester l’importance de la température, liée à l’intensité des émissions lumineuses.

De plus, j’aimerais expérimenter avec des plans-films, ce qui permet d’agrandir les images. À travers cet agrandissement, la taille excessivement petite du plancton offre une autre lecture : les images se rapportent à l’infiniment grand.

Avec ce travail, il ne s’agit pourtant pas de documenter la catastrophe, mais de montrer la beauté de ces micro-organismes en déclin. L’interprétation de l’impact du réchauffement climatique sur le plancton se fait à travers la bioluminescence, émise sous l’effet du stress, comme une évidence. »

https://www.pictofoundation.fr/

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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