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Nous poursuivons aujourd’hui, la publication du journal de bord du photographe Pierre-Elie de Pibrac, actuellement en Israël dans le cadre de son projet « Exil ». Un périple qui le mena à Cuba puis au Japon, en pleine crise sanitaire du coronavirus avant de clore cette trilogie familiale en Israël. Ces pays ont le même point commun, celui d’interroger la place de l’individu au sein du corps social, dans des pays aux frontières fragiles et/ou souvent isolés dans leurs régions.

Shalom, shalom,

Alors que j’écris ces lignes, voilà déjà sept mois que nous sommes en Israël. Le temps a filé à une vitesse vertigineuse. Est-ce l’effet de la guerre, de la tension omniprésente, de cette urgence qui a rythmé notre quotidien ? Ou peut-être la richesse des rencontres, si nombreuses et si variées, qui ont marqué notre séjour ?

Le projet touche bientôt à sa fin, et l’idée du départ qui se profile nous attriste profondément.

Cette newsletter revient sur la période intense que nous avons traversée entre début février et mi-mars.

Baalei Techouva : retour à la réponse

Dans la deuxième newsletter, je vous avais parlé des “déserteurs de Dieu”, ces ultra-orthodoxes qui ont fait le choix de rompre avec leur milieu et de “retourner à la question”, comme on dit ici. J’avais notamment évoqué l’histoire de l’un d’eux, que j’ai mis en scène dans le mikvé de Lifta.

À l’opposé de ce phénomène, il existe celui des “baalei techouva”, littéralement “ceux qui reviennent” : des juifs laïcs qui, après un parcours en dehors de la religion, décident de s’y consacrer corps et âme, souvent au sein des communautés ultra-orthodoxes.

Barak en prière au sein de la communauté Beit Habad à Tel-Aviv.

J’ai eu l’opportunité de passer du temps avec Barak, un ancien musicien et rockeur, qui a fait le choix radical de devenir Loubavitch. Son histoire est fascinante. Il m’a confié les raisons profondes de sa décision et raconté son immersion dans la communauté Loubavitch, un mouvement hassidique extrêmement structuré, centré autour de la figure du Rabbi Menachem Mendel Schneerson, que certains considèrent comme le Messie.

J’ai ainsi découvert un univers totalement inconnu pour moi, à la fois étrange et captivant. Il est difficile d’obtenir des chiffres précis sur ceux qui retournent à la religion, car le monde ultra-orthodoxe demeure très fermé. C’est donc une chance d’avoir pu rencontrer Barak, recueillir son témoignage et, surtout, qu’il ait accepté d’être photographié pour mon projet.

Le bureau du rabbin Rav Tapiero, où il consacre ses journées à l’étude des livres sacrés et à l’écriture de ses commentaires sur la Torah.

Pour approfondir ma connaissance du monde religieux juif, j’ai rencontré le rabbin Rav Moshe Tapiero, un érudit qui m’a éclairé sur l’étude de la Torah, du Talmud et la diversité des courants religieux du judaïsme, au cours d’une journée passée chez lui à Jérusalem.

À la découverte d’Ovnat et de Yiftach : une réalité insoupçonnée du sionisme religieux

Le centre éducatif d’Ovnat, situé au bord de la Mer Morte.

Le milieu des colons ultra-sionistes religieux m’a toujours profondément dérangé, mais, mes recherches et mes échanges avec Guila m’ont conduit à découvrir une réalité insoupçonnée au sein de ce mouvement : l’association Yiftach, et plus précisément le village d’Ovnat.

Une des habitations pour les pensionnaires d’Ovnat.

Yiftach prend en charge de jeunes juifs violents issus des colonies de Cisjordanie pour comprendre l’origine de leur violence, les écouter et les remettre sur le droit chemin. Elle accompagne aussi des jeunes victimes d’abus sexuels ou de violences familiales, des réalités largement passées sous silence dans le monde des colons sionistes. Face à cette omerta, Ariel Sokoloff, le fondateur d’Ovnat, a pris l’initiative, à la fin des années 1990, d’offrir à ces jeunes une alternative, une chance de se reconstruire et de vivre autrement qu’à travers la violence et la haine. J’ai passé la matinée à Ovnat, ce village posé dans un décor désertique, au bord de la mer Morte, loin de l’agitation des grandes villes. J’ai ensuite rencontré Ariel Sokoloff, qui dirige aujourd’hui ce programme éducatif accueillant environ 250 élèves dans une dizaine de villages.

Guila en discussion avec l’armée pour leur démontrer que nous ne sommes pas ici pour prendre des photographies de la frontière et les transmettre à l’ennemi. Un lieu qui a été photographié par Josef Koudelka il y a une dizaine d’années.

En rentrant du village, près de Jéricho, en Cisjordanie, je me suis arrêté dans une ancienne usine anglaise d’extraction de potassium, aujourd’hui sous contrôle palestinien, non loin de la frontière jordanienne. Là-bas, je suis tombé sur un site emblématique pour les passionnés de photographie, immortalisé il y a une dizaine d’années par Josef Koudelka dans son projet Shooting Holy Land. Cet ancien camp militaire britannique abandonné semble figé dans le temps. C’est aussi là que les militaires m’ont, une fois de plus, arrêté… Pour la cinquième fois depuis mon arrivée!

Un mois de février marqué par l’indignation et la douleur en Israël

Le mois de février a ravivé les traumatismes profonds d’Israël, alors que la plaie béante du 7 octobre semble impossible à refermer. Les mises en scène macabres orchestrées par le Hamas lors des retours d’otages, l’état catastrophique de ces derniers, ainsi que la restitution de nombreux corps, ont plongé le pays dans une sidération totale. L’onde de choc a été telle qu’Israël s’est retrouvé paralysé par l’indignation et le chagrin pendant plusieurs jours.

Les otages Or Levy, Eli Sharabi et Ohad Ben-Ami sont mis en scène par le Hamas lors de leur libération. Photo AFP/BASHAR TALEB

Le 8 février, Or Levy, Eli Sharabi et Ohad Ben-Ami sont apparus extrêmement affaiblis et amaigris après 16 mois de captivité à Gaza. Leur état de santé a bouleversé l’opinion publique et levé le voile sur les conditions inhumaines de détention des otages israéliens. Eli Sharabi, comme tant d’autres, a vécu une cruauté insoutenable : lors de la mise en scène de sa libération, les terroristes lui ont fait croire qu’il allait bientôt retrouver sa femme et son fils. Ce n’est qu’une fois en Israël qu’il a appris la terrible vérité : tous deux avaient été assassinés par le Hamas le 7 octobre, juste après leur séparation.

Un mémorial improvisé en hommage aux victimes du Hamas – Shiri Bibas, Ariel Bibas, Kfir Bibas et Oded Lifshitz, l’un des fondateurs du kibboutz Nir Oz – sur la place des otages à Tel-Aviv.

L’horreur a atteint son paroxysme avec la tragédie de la famille Bibas, devenue le symbole du drame du 7 octobre. Kfir Bibas, âgé de 10 mois, était le plus jeune otage au monde, et son frère Ariel, 4 ans, figurait parmi les plus jeunes victimes de l’attaque. Enlevés dans les bras de leur mère terrorisée, Shiri Bibas, leur sort est resté incertain pendant des mois, provoquant une angoisse collective. Leur père, Yarden Bibas, également otage puis libéré avant la restitution des corps de sa famille, a vécu une attente insoutenable. La confirmation de leur mort, après des mois d’incertitude, a suscité une grande émotion en Israël, d’autant plus que les enfants ont été battus à mort et asphyxiés. Une confusion macabre est survenue lorsque le Hamas a remis le corps d’une femme gazaouie en prétendant qu’il s’agissait de Shiri Bibas, avant de corriger l’erreur le lendemain. Cette tragédie a bouleversé le pays.

Les Israéliens se sont rassemblés autour de Yarden Bibas lors de la marche funéraire qui a accompagné Kfir, Ariel et Shiri Bibas, réunis dans le même cercueil, de Rishon Lezion jusqu’au cimetière de Zohar, près de Nir Oz.

Une immense marche funéraire, parcourant des dizaines de kilomètres, a rassemblé un peuple unis aux côtés de Yarden Bibas pour accompagner le dernier voyage de Kfir, Ariel et Shiri, réunis dans un même cercueil. Le discours poignant de Yarden Bibas a résonné comme un cri de douleur collective, marquant profondément la population.

Hicham al-Sayed et Avera Mengistu retrouvent leurs familles après dix années de captivité à Gaza.

Dans ce climat de deuil, un Bédouin, Hicham al-Sayed et un Falasha éthipien Avera Mengistu, détenus en otages depuis dix ans, ont été libérés. Leur état de santé, marqué par une décennie de captivité, a plongé les Israéliens dans la stupeur, face à une réalité aussi cruelle que brutale.

Une vague d’attentats évitée de justesse

Carcasses des bus calcinés après l’explosion de bombes sur un parking à Bat Yam

Ce mois-ci, plusieurs attentats ont frappé le pays, dont une série d’explosions visant cinq bus dans la banlieue sud de Tel-Aviv, non loin de chez nous. Par chance, les terroristes ont confondu « 9 am » et « 9 pm », déclenchant les bombes le soir, alors que les bus étaient hors service et stationnés dans un parking vide. Si l’attentat avait eu lieu à 9h du matin, comme prévu, les pertes humaines auraient été catastrophiques.

D’autres attaques ont endeuillé le pays, notamment un attentat à la voiture bélier dans une ville au nord de Tel-Aviv et une attaque au couteau à Haïfa, faisant de nouvelles victimes et alimentant un climat de tension grandissant. Une tension qui résonne avec la colonisation ultra sioniste à marche forcée en Cisjordanie, menée par le gouvernement depuis le cessez-le-feu. Cette politique suscite la stupéfaction et l’indignation des familles des otages et de nombreux israéliens, inquiets face à cette violence croissante qui ne fait qu’apporter malheur et souffrance chez les Israéliens et les Palestiniens.

Avec les Arabes chrétiens

Raeed et sa femme dans leur appartement situé dans la vieille ville de Jérusalem.

En sept mois, je n’avais pas encore eu l’occasion de donner la parole aux Arabes chrétiens, mais c’est désormais chose faite. À Jérusalem, j’ai rencontré Stelios, ainsi que Raeed et sa femme, qui vivent dans la vieille ville, dans des appartements qu’ils ont acquis pour une durée limitée auprès de divers diocèses. Une pratique surprenante qui a immédiatement éveillé ma curiosité. C’est un peu long à expliquer mais cela a un impact très important sur la vie des Chrétiens à Jérusalem.

On estime à 140 000 le nombre d’Arabes chrétiens en Israël, 48 000 en Cisjordanie et 2 000 à Gaza. Leur présence en Palestine s’est en effet considérablement réduite au fil des années, sous l’effet du conflit et de la pression sociale exercée par certaines communautés musulmanes. Certains ont été contraints à une conversion forcée, d’autres ont subi des persécutions, les poussant à l’exil, notamment vers Israël ou l’Occident.

Ces rencontres ont été d’une grande richesse. Ils se sont livrés avec sincérité, partageant des récits marqués par des épreuves, mais aussi par des victoires. Leurs témoignages m’ont offert un éclairage nouveau sur leur place dans la société israélienne et palestinienne, ainsi que sur les défis qu’ils ont dû affronter et ceux qu’ils continuent de relever au quotidien.

Avec les Druzes et les Ahmadies

Salman et sa femme, Samira, feuilletant mon livre Desmemoria

Petit-déjeuner druze préparé par Samira Un délice!

Dans la quatrième newsletter, je vous parlais des Druzes du plateau du Golan, d’origine syrienne. En Israël, sur les 150 000 Druzes, seuls 20 000 vivent dans le Golan, les autres sont principalement établis dans le nord du pays, notamment autour de Haïfa. C’est dans le village d’Isfiya, près de Haïfa, que j’ai rencontré Salman et sa femme, Samira. Cette rencontre fascinante m’a permis de mieux comprendre l’histoire de cette communauté qui, au XIe siècle, a opéré un schisme avec l’islam en raison de son rejet de la charia. Contrairement aux musulmans, les Druzes ne pratiquent ni la prière quotidienne ni le port du hijab. Ils ne se considèrent pas comme des conquérants et ont développé une identité profondément ancrée dans la loyauté à l’État où ils résident.

Immense fresque à l’entrée de Daliat Al Carmel représentant la loyauté Druze envers Israël. Le lion est un symbole très important chez les Druzes, il représente la force, le courage, l’honneur et la loyauté.

Un des éléments marquants de cette communauté en Israël est son engagement dans l’armée. Contrairement à la plupart des Arabes israéliens, les Druzes sont tenus de servir dans les forces armées. Leur rôle dans la défense du pays et leur intégration dans la société israélienne sont des aspects essentiels de leur identité. Pourtant, tout comme de nombreux Arabes israéliens, Bédouins et Circassiens que j’ai rencontrés, les Druzes ont été profondément choqués par la loi de “l’État-nation du peuple juif”, adoptée en 2018 qui place la communauté juive au-dessus des autres. Ils se sont sentis trahis et luttent pour son abrogation, aux côtés de nombreux Israéliens qui estiment que cette loi est incompatible avec leur vision de la démocratie et du pays qui a beaucoup changé sous les gouvernements successifs de Netanyahou.

Photo souvenir prise avec l’Emir Muhamad Sherif dans son bureau, avec en arrière plan les portraits de Mirza Ghulam Ahmad et de ses successeurs.

J’ai également eu l’occasion de rencontrer des Ahmadis, un groupe issu d’un schisme avec l’islam à la fin du XIXe siècle. Leur mouvement prône une interprétation pacifique de l’islam, centrée sur le service à l’humanité et la réconciliation entre les religions. Toutefois, ils sont considérés comme des non-musulmans par les communautés islamiques traditionnelles, car ils croient que le Messie est déjà venu en la personne de Mirza Ghulam Ahmad, bien qu’ils continuent à prier selon les rites islamiques. Cette croyance leur a valu de lourdes persécutions, notamment au Pakistan. Malgré cela, ils diffusent une très belle parole de paix et d’entente inter-religieuse. J’ai eu l’honneur de rencontrer leur grand émir, Muhamad Sherif, ainsi qu’un des Imams de la mosquée Shaykh Mahmud de Haïfa et de passer une après-midi là-bas.

La salle de prière de la mosquée ahmadie Shaykh Mahmud à Haïfa.

En Israël, on trouve de nombreuses autres communautés comme les Bahaïs, qui résident principalement autour de Haïfa et Saint-Jean-d’Acre. Leur présence, comme celle des Ahmadis et des Druzes, rappelle la diversité et la richesse religieuse du pays.

Tensions croissantes et reprise des combats

Depuis la fin de la première phase, les négociations stagnent et les manifestations se multiplient.

Plus de 100 000 personnes se sont rassemblées devant la Knesset à Jérusalem pour manifester contre les bombardements à Gaza, exiger le retour de tous les otages et dénoncer la politique de Netanyahu, jugée anti-démocratique.

A Jérusalem, plus de 100 000 personnes se sont rassemblées devant la Knesset pour protester contre les bombardements à Gaza, exiger la libération de tous les otages et dénoncer la politique de Netanyahu, jugée anti-démocratique. De nombreuses manifestations ont également lieu à Tel-Aviv. La colère a redoublé après le limogeage du chef du Shin Bet, Ronen Bar, alors que la population réclame des comptes sur les failles sécuritaires du 7 octobre et la responsabilité des dirigeants. Ce vote de révocation, prévu dans quelques jours, alimente les tensions, tandis que les protestations contre la réforme de la justice continuent d’exacerber un climat déjà pesant.

Les manifestations contre le gouvernement sont presque quotidiennes. Ici, une mobilisation à Tel-Aviv ayant réuni près de 100 000 personnes.

Parallèlement, la menace extérieure ne cesse de grandir. Ces dernières semaines, la tension est montée d’un cran avec le Hamas, le Hezbollah, la Cisjordanie, la Syrie, le Yémen, l’Iran et même l’Égypte. Malgré leur résilience, de plus en plus d’Israéliens se sentent à bout, pris dans une spirale d’incertitude et de violence.

Au moment où j’écris ces lignes, les nouvelles sont sombres. Le cessez-le-feu a pris fin et les combats ont repris à Gaza, brisant la fragile trêve qui portait l’espoir de libération des derniers otages et de reconstruction pour les Gazaouis avec le retour de l’aide humanitaire. Les frappes et les affrontements s’intensifient, plongeant la région dans une nouvelle escalade de violence qui éloigne toujours plus la perspective de paix.

À Tel-Aviv, les alarmes nocturnes à 4 h du matin, déclenchées par les tirs de missiles des Houthis, ont repris. Nous nous précipitons de nouveau en pleine nuit vers notre abri avec les enfants alors que nous espérions ne plus avoir à revivre cela. Les tirs de roquettes depuis Gaza ont repris également.

Conclusion

Les semaines qui se sont écoulées depuis la dernière newsletter ont encore été d’une intensité folle, rythmées par des découvertes et des rencontres marquantes. À présent, le voyage touche à sa fin, et déjà, nous ressentons le vide laissé par cette vie vibrante, faite d’émotions, de contrastes et de moments suspendus.

La prochaine newsletter sera la dernière. Elle reviendra sur nos ultimes rencontres, notre dernier voyage en famille, ainsi que sur le tour d’Israël que je vais entreprendre pour récupérer les appareils photo jetables et les carnets de notes laissés à chaque personne photographiée.

Yalla, Yalla.

À LIRE
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 5)
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L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Premier Chapitre, l’installation et la découverte
L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Deuxième Chapitre, face au coronavirus
L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Troisième Chapitre à Yūbari
L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Quatrième Chapitre à Fukushima
L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Cinquième Chapitre retour de Fukushima
L’aventure de Pierre-Elie de Pibrac au pays du soleil levant Sixième Chapitre, clap de fin

La Rédaction
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