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Pour sa première carte blanche, notre invitée de la semaine, Nathalie Bocher-Lenoir, Présidente de l’association Gens d’images revient sur la genèse de la création de cette structure née il y a 70 ans sous l’impulsion du journaliste, photographe et rédacteur en chef, Albert Plécy avec Jacques Henri Lartigue et Raymond Grosset. Cette carte blanche est l’occasion de faire un état des lieux des leurs actions depuis plus de sept décennies notamment avec l’organisation des deux plus anciennes distinctions dans le domaine de la photographie, le Prix Niépce et le Prix Nadar.

C’est à l’occasion de l’annonce des 70 ans de Gens d’images que cette carte blanche m’a été proposée. C’est donc en tant que Présidente de cette association, créée à la fin de l’année 1954, que je la réalise, et vais donner les grandes lignes de son histoire et de ses activités.

Portrait d’Albert Plécy vers 1944-45. © Photographe inconnu / ECPAD / TERRE 10353-L21.

A peine dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, Albert Plécy, (1914-1977) journaliste et rédacteur en chef, entouré de Raymond Grosset (1911-2000) directeur de l’agence photographique Rapho à partir de 1946, et de Jacques-Henri Lartigue, photographe (1894-1986), a eu une compréhension intense de la montée en puissance de la civilisation de l’image, et des champs d’exploration qu’elle ouvrait.

Jean Dieuzaide, sans titre, Archives Gens d’images, Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône Albert Plécy présentant le logo des Gens d’images lors du colloque de l’association à Porquerolles, 1964

Il participait alors aux Rencontres internationales de Lure, association créée et animée par Maximilien Vox (1894-1974), consacrée à la lettre, l’imprimerie et le livre. Trouvant que la place dédiée à l’étude des images n’était pas assez importante, encouragé par M. Vox, il a décidé de créer une association complémentaire dont l’objet serait la photographie et la place des images dans les médias et la société : Gens d’images est ainsi créée le 15 octobre 1954. Les deux Prix, Niépce et Nadar, phares de Gens d’images, sont créés dès 1955.
Les idées novatrices arrivent souvent en simultanée dans plusieurs têtes, et dans plusieurs pays : il n’y a qu’à prendre l’exemple de la photographie ! Il en va ainsi pour la place grandissante accordée aux images ! En Allemagne, aux Etats-Unis d’Amérique notamment, des évènements, des créations, des études, des colloques avaient déjà eu lieu, même avant 1939, pour défricher ce nouvel eldorado, et chercher à comprendre où ça pourrait mener le monde, surtout occidental, mais pas seulement, fracassé et renaissant, deux fois, depuis les années 20. Guillaume Blanc a consacré sa thèse universitaire à ce sujet : L’utopie d’une civilisation de l’image. Usages et valeurs de la photographie en France dans les années 1950, sous la direction de Michel Poivert, en 2022.

Albert Plécy a d’abord vécu une expérience marquante durant la guerre : en tant que journaliste des Armées, il a couvert la campagne d’Italie. Aucun photographe ne pouvant l’accompagner, il a ajouté la prise de vue à l’écriture. Il s’agit vraiment du fondement de son intérêt passionné pour la photographie et le pouvoir des images. Il est d’abord rédacteur en chef de Point de vue images du monde entre 1946 et 1958, et ensuite du Parisien libéré, jusqu’à sa mort accidentelle en 1977. Peu de temps avant de mourir, il inaugura son grand œuvre, La Cathédrale d’images, aux Baux de Provence, qui continue aujourd’hui de présenter des spectacles immersifs.

La première partie de l’histoire de Gens d’images, jusqu’en 1985, qui marque la fin de la présidence de Paul Jay, est admirablement racontée dans le mémoire universitaire que Rebecca Flore lui a consacré sous la direction d’Eléonore Challine et Michel Poivert, en 2023 : L’association des Gens d’images : témoins et acteurs des évolutions de la photographie entre 1954 et 1985. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, sur ces 30 premières années fondatrices riches en évènements, le mémoire de R. Flore est accessible sur le site de Gens d’images www.gensdimages.com

De 1986 à 2000, c’est Bertrand Eveno qui a présidé l’association, et l’a animée avec Michel Melot et toute une équipe de passionné·es. B. Eveno a dirigé les Éditions Nathan, puis le Groupe de la Cité, et Editis. Il a ensuite dirigé l’AFP pendant les cinq dernières années de sa carrière professionnelle. Il continue à éditer, notamment le Grand livre rouge de Carl Gustav Jung. Michel Melot a occupé différents postes dans l’univers des bibliothèques, et a notamment assuré la direction du département des Estampes et de la photographie à la Bibliothèque nationale de France, puis celle de la BPI au Centre Pompidou.
De 2001 à 2011, puis de 2017 à aujourd’hui, j’assure la présidence et l’animation de l’association avec un comité directeur d’une quinzaine de personnes. De 2012 à 2016, c’est Esther Woerdehoff qui a présidé et doté l’association de moyens professionnels qui ont permis une meilleure visibilité auprès du public. Depuis 2017 j’ai repris le flambeau avec Sylvaine Lecoeur et Alain Escourbiac, vice-présidents. Notre credo : valoriser la photographie et réfléchir à ses pratiques. Notre équipe, bénévole, est mue par des valeurs de plaisir et d’échanges, et fonctionne de façon collaborative. Près de 200 adhérents.es contribuent et participent aux nombreuses activités proposées, que nous présentons depuis 2016 dans un carnet annuel imprimé par Escourbiac l’imprimeur, mais aussi accessible en fichier sur le site de Gens d’images. www.gensdimages.com

Depuis sa création Gens d’images est accompagnée et soutenue par la Bibliothèque nationale, et notamment, par la direction du Département des Estampes et de la photographie. Le ministère de la Culture a toujours validé ses actions, mais en plus, depuis 2021, il soutient en partie financièrement les Prix Niépce et Nadar, et leur participation à la grande exposition annuelle À tout Prix, à la BNF.

Comité de direction de l’association Gens d’Images 2023 © Florence Delaby

Cérémonie du Prix Nadar Gens d’images à la Bnf © F. Delaby

Beaucoup de personnalités du monde de la photo ont été et sont aujourd’hui aux côtés des Gens d’images ; je saisis l’occasion ici de les remercier publiquement une fois encore car rien ne serait pareil sans elles ; je ne vais pas pouvoir toutes les citer et je le regrette : je pense notamment à Sylvie Aubenas, Héloïse Conesa et leurs équipes de la BNF ; à Marion Hislen, puis à Fannie Escoulen, et maintenant à Sandrine Ayrole et Auréanne Bergère, au département photo du ministère de la Culture ; à nos différents partenaires, et mécènes des Prix au fil des années, et actuellement, Escourbiac, Picto, l’Adagp, la Fnac, le Jeu de Paume, la médiathèque Edmond Rostand, la galerie Dityvon à Angers, et le musée Nicéphore Niépce à Chalon sur Saône, où sont conservées les archives de Gens d’images et sa bibliothèque.

En savoir plus :
www.gensdimages.com

La Rédaction
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