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Au moins 3 bonnes raisons d’aller au Centre Pompidou Metz autour de la chorégraphie de lumière de l’artiste britannique Cerith Wyn Evans, d’une nouvelle cartographie décoloniale par le commissaire Manuel Borja-Villel, ancien directeur du musée Reina Sofia de Madrid et du ballet coloré multisensoriel de l’artiste allemande Katharina Grosse.

« lueurs empruntées à METZ » Cerith Wyn Evans

Cerith Wynn Evans vue de l’exposition lueurs empruntées, Centre Pompidou Metz courtesy the artist, White Cube, Marian Goodman Gallery
photo Lewis Ronald

Cerith Wynn Evans vue de l’exposition lueurs empruntées, Centre Pompidou Metz courtesy the artist, White Cube, Marian Goodman Gallery
photo Lewis Ronald

L’exposition propose un véritable voyage sensoriel, entre la lumière, le son et la matière. Une calligraphie lumineuse alchimique régie par une série de déformations imperceptibles au premier regard.
Le parcours intervient dès le Forum et se prolonge toute la galerie 3. Pour le Forum l’artiste imagine une recréation des jardins d’hiver en hommage à Marcel Broodthaers qu’il vénère. Le motif du palmier renvoie à la colonisation belge et marchandisation de la nature. De plus des colonnes d’inspiration dorique s’inscrivent dans l’histoire classique du musée même si leurs ampoules sont obsolètes. De fausses caisse d’emballages complètent le dispositif.

Dans la galerie 3, cinq colonnes s’allument et s’éteignent par séquence entre aveuglement et transparence selon un rythme impossible à déterminer. Un instrument hybride est constitué de tubes de cristal qui inspirent et expirent l’air comme le feraient des poumons. Les nombreuses sculptures en néon utilisées par l’artiste reposent sur les propriétés magiques de ce gaz, des énergies mystérieuses. Leur calligraphie reprend les chorégraphies stylisées du théâtre nô. Quant aux lustres, ils transposent le son en lumière selon un rituel animiste. Les pare-brise de voitures et de camions fissurés renvoient aux écrans de téléphone et à La Mariée mise à nu par les célibataires, même de Duchamp.

Les boucles aléatoires et les distorsions sonores évoquent un monde en constante évolution, une fragmentation de l’écho, où la perception devient incertaine. La matière extensive pourrait aussi faire référence à l’extension de l’œuvre dans l’espace, brouillant les frontières entre ce qui est perçu et ce qui est réel face aux grandes baies vitrées sur la ville de Metz. Ces éléments créent un espace éblouissant où les visiteurs sont invités à expérimenter non seulement visuellement, mais aussi auditivement, des effets psychologiques qui bouleversent la notion de temporalité selon la doctrine du panpsychisme d’un univers régit par la conscience et la cognition. Une symphonie de la distorsion et de l’enchevêtrement.

Olivier Marboeuf, « Péyi en retour », 2024-2025 Production Centre Pompidou-Metz, Photo Marc Domage, Exposition Après la fin 2025

« Après la fin. Cartes pour un autre avenir »

A l’invitation de Chiara Parisi, Manuel Borja-Villel déroule au Centre Pompidou-Metz une histoire archipélique de la pensée et cartographie décoloniales en rupture avec la vision eurocentriste dominante. Sans chronologie ni chapitre, l’exposition interroge les mémoires invisibilisées et souterraines autour de constellations agissantes et subversives entre les corporéités Caribéennes, les rituels afro-brésiliens, les abysses de l’Atlantique autour de 40 artistes et voix diasporiques internationaux. Son titre nous donner des cartes à jouer dans ce qui représente un vaste puzzle qui déjoue nos attentes.

Ahlam Shibili, « Occupation », Al-Khalil/Hébron, Palestine 2016-2017
Copyright the artist Photo Marc Domage, Exposition Après la fin 2025 Centre Pompidou Metz

M’barek Bouhchichi, « Reprendre les gestes interrompus », 2023
Collection de l’artiste
Copyright : © M’barek Bouhchichi © Centre Pompidou-Metz / Photo Marc Domage / Exposition Après la fin / 2025

« Danser les étoiles », Katharina Grosse, Centre Pompidou Metz

Katharina Grosse
Déplacer les étoiles
Photo: Jens Ziehe
Courtesy Centre Pompidou- Metz; Gagosian; Galerie Max Hetzler; Galerie nächst St. Stephan Rosemarie Schwarzwälder
(C) Adagp, Paris 2024

L’artiste allemande investit le Parvis, la Grande Nef et le Forum du Centre Pompidou avec des installations magistrales en réponse au lieu. Si l’installation dans le Forum, the Bedroom visible depuis le 1er juin 2024 a cédé la place aux incandescences de Cerith Wyn Evans, le projet pour la Grande Nef qui se déploie jusque sur le Parvis est très impactant. Se déployant sur 8 250 m², le grand drapé suspendu dessine un paysage ondoyant annoncé par une installation végétale. Des arbres en provenance de la Forêt noire mêlés à des souches et des troncs sortent d’un mur blanc immaculé. Le tout en équilibre précaire.

Puis l’on aperçoit des trouées de couleurs qui s’échappent de ce qui ressemble à un rideau de théâtre. Jouant de nos perceptions et émotions, l’artiste déploie un espace éphémère, une véritable déflagration. Le titre est inspiré par le ciel de Sydney à l’occasion de son exposition à Carriageworks en 2018 mais aussi des sphères de l’Europe comme le souligne Chiara Parisi, commissaire de l’exposition qui a suivi la carrière de l’artiste depuis leur rencontre à la Villa Médicis. Des couleurs pulvérisées à l’aérographe selon le procédé qu’elle choisit pour un univers en expansion que l’on peut parcourir, toucher, ce qui rare, voir interdit en général pour une œuvre d’art. Comme si on rentre dans le ventre d’une baleine résume Chiara Parisi. En réponse à l’architecture de Shigeru Ba, un glissement est opéré jusqu’au parvis. Qu’elles soient dissonantes ou harmonieuses, toutes les couleurs sont confrontées les unes les autres dans une négociation perpétuelle. Pour la Fondation Louis Vuitton, Katharina Grosse a réalisé la commande in situ Canyon pour une mise en abyme verticale du bâtiment parisien et également à Venise à l’occasion de la 59ème Biennale.

INFOS PRATIQUES :
« Danser les étoiles », Katharina Grosse
Jusqu’au 24 février 2025
« Après la fin. Cartes pour un autre avenir »
Jusqu’au 1er septembre
Catalogue éditions Centre Pompidou-Metz, 39 euros, disponible à la librairie
Cerith Wyn Evans « lueurs empruntées à METZ »
Catalogue éditions Centre Pompidou-Metz 35,00 €, disponible à la librairie
Jusqu’au 14 avril 2025
https://www.centrepompidou-metz.fr/fr/programmation/exposition
Lors de votre venue n’hésitez pas à découvrir également le Frac Lorraine dans le centre de Metz près de la cathédrale, qui propose une exposition collective sur la nature ambiguë des images.
Une jolie vidée pour ces vacances de février !
https://www.fraclorraine.org/exhibition/pause/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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