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Marc Aubé se définit comme photo-graphiste. Il partage la Galerie-atelier Tout Ce Petit Monde à Draguignan dans le Var avec Laurène Cendrey, illustratrice. Après des études en arts plastiques, Marc Aubé a exercé de nombreux métiers dans la photo, notamment dans la photographie industrielle. Il choisit d’emmener la photographie vers d’autres formats et supports qu’il retravaille et peint à partir d’un processus de répétition.

Portrait Marc Aubé © Fatma Alilate

Fatma Alilate : Pouvez-vous présenter votre parcours dans la photo ?

Marc Aubé : J’ai fait mille métiers dans la photo. Tireur-filtreur, vendeur en magasin, j’ai développé des banques de données pour des agences d’images. Un prof de lycée m’avait dit : « Si tu ne viens pas à la photographie, la photo viendra à toi. » J’ai travaillé chez Stock Images, après des rachats successifs, j’ai voulu passer de l’autre côté. Je numérisais les diapositives, je pense que j’ai vu un million de photos, j’en ai vues tellement. C’est pour ça que j’emmène ailleurs la photographie et d’ailleurs pour mon métier, je me suis baptisé photo-graphiste. Je ne fais plus seulement de la photographie. Je dessine, je peins à partir de la photo. C’est devenu suffisamment indispensable pour que je choisisse d’y consacrer ma vie. Depuis je ne fais plus que travailler, plongé dans mes sujets. Ce qui m’intéresse, c’est d’exprimer des choses. La matière photographique est en moi depuis le début, donc je continue à la traiter.

© Marc Aubé

FA : Comment procédez-vous ?

MA : Dans le travail pictural, il y a d’abord la photographie. Puis le travail sur ordinateur pour la modification des répétitions. A la dernière étape, je relie les répétions avec de la peinture et différents matériaux. Une première série Vertige se dispose à la verticale avec une répétition qui se produit à l’intérieur de la photographie. Les morceaux d’images font que l’image s’allonge verticalement avec pour sujet l’individu dans la ville.

FA : Les répétitions sont indépendantes les unes des autres ?

MA : Oui. Le fil conducteur pour le sujet répétitif est l’humain dans la ville. J’interroge la question de la solitude, le rapport à l’autre dans la Cité. Pour la série A suivre, la répétition est à l’extérieur de la photo. Par exemple ici, c’est comment mettre la photo la tête en bas par un jeu du damier avec des inversions.

© Marc Aubé

© Marc Aubé

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FA : Pourquoi le titre Passe-Vues pour votre exposition ?

MA : C’est une collection qui s’insère entre les portes de nos fictions. C’est ce qu’on fait tous quand on est à la terrasse d’un café, on voit passer des gens dans un décor plus ou moins immobile. Et on peut laisser libre cours à la fiction : pourquoi cette dame est là ? Ici c’est une photo repeinte avec différentes variantes. C’est un même endroit mais la photo est différente à chaque fois. Le paysage urbain provient de Paris, près du Musée de l’Artillerie. C’est une référence à des passages, l’histoire se raconte avec cette femme qui se déplace.

FA : Vous privilégiez le domaine narratif.

MA : J’ai coupé avec cette recherche du qualitatif liée à la pratique de la photo du labo. Je viens de la photo industrielle et de masse. Ce qui m’intéresse c’est pas tant la photographie que son expression, ce qu’elle raconte, ce qu’elle peut apporter comme sensations.

© Marc Aubé

FA : Vos formats sont atypiques.

MA : J’ai voulu sortir du format classique photographique, dans le jeu de la répétition. C’est même un peu comme ça que ça s’est créé notamment sur Vertige. Je me suis retrouvé avec une planche du format, et j’ai essayé de mettre une photo là-dedans sans faire de tirage. J’ai répété l’image dans une dimension qui n’est pas la sienne au départ.

FA : Votre prochaine série s’inspire des mathématiques.

MA : En mathématiques, il y a beaucoup de choses sur l’entre-deux, pour rallier les éléments, les mélanger. Le vocabulaire est intéressant. Les conteneurs permettent de passer d’un foncteur à un foncteur. C’est en résonance avec ce qui me permet de passer d’une série à une autre série. Il y a des réponses dans les mathématiques, les termes me parlent tellement, et j’essaie de comprendre à mon niveau. L’angle de l’abstraction est complètement ouvert, avec des modèles d’écritures.

Propos recueillis par Fatma Alilate

INFORMATIONS PRATIQUES
Passe-Vues
Marc Aubé
Galerie Tout Ce Petit Monde
33 rue de Trans
83300 Draguignan

Fatma Alilate
Fatma Alilate est chroniqueuse de 9 Lives magazine.

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