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Partager Partager Temps de lecture estimé : 3minsPour sa première carte blanche, notre invitée, la fondatrice et directrice des Ediciones Anómalas, Montse Puig revient sur son aventure incroyable (et un peu folle) de créer sa maison d’édition indépendante dédiée à la photographie. Portée par une « inexplicable impulsion » comme elle l’exprime, Montse publie chacun de ses ouvrages avec une sincère conviction, et accorde le même traitement aux photographes reconnus qu’aux photographes débutants et ce, sans jamais demander de participation financière aux auteurs. J’ai toujours été fascinée par le monde du livre, en tant que lectrice mais aussi par curiosité à l’égard de ce qu’il faut faire pour publier un livre. Pendant longtemps, j’ai lu de nombreuses biographies et textes d’éditeurs connus – Roberto Calasso, Kurt Wolf, Jorge Herralde, Esther Tusquets, Andrée Schiffrin, Inge Feltrinelli, Antoine Gallimard… – pour connaître les tenants et les aboutissants de ce métier passionnant, sans me douter qu’un jour je me lancerais dans un projet comme Ediciones Anómalas. Aujourd’hui, je pense au peu de choses que j’ai pu lire sur les éditeurs spécialisés en photographie, il n’y avait pas beaucoup d’informations à l’époque, pour le moins en Espagne. J’ai récemment vu le documentaire de Sarah Moon, « Robert Delpire. Le montreur d’images » (2009) et j’ai été intriguée par le moment où elle raconte comment il s’est tourné vers la publicité quand il a réalisé que l’édition de livres de photographie n’était pas rentable, et ce après avoir publié Robert Frank, Cartier-Bresson, Koudelka… Pour une maison d’édition comme la nôtre, qui ne demande pas aux auteurs d’apports financiers, trouver ne serait-ce qu’une partie du financement des livres est la chose la plus difficile. Je me transforme alors en un Sisyphe infatigable. On ne se lance pas dans l’édition de livres de photographie guidé par des ambitions commerciales ou par le bon sens. Non, on le fait seulement car une inexplicable impulsion nous y pousse, la même qui nous conduit vers les plus belles choses que la vie nous offre. La partie la plus stimulante de ce travail est sans doute aucun la collaboration avec les auteurs. Depuis douze années à la tête des Ediciones Anómalas, j’ai eu le luxe de partager de merveilleux moments avec eux. Se rapprocher du processus créatif d’un auteur est ce qui donne du sens à ce travail et me pousse à continuer. L’une des rares choses très claires pour moi, dès le début, était que le catalogue d’Anómalas devait accorder le même traitement aux livres de photographes reconnus qu’à ceux de photographes débutants. Depuis le premier livre que j’ai publié, « Paysages d’un exil » de Rif Spahni, j’ai toujours intégré de nouveaux auteurs, et nombre d’entre eux m’ont donné beaucoup de joie. La ligne éditoriale d’Anómalas est basée sur les goûts et les intérêts de ceux qui en sont à l’origine. En fait, il en est ainsi dans toutes les maisons d’édition indépendantes, où l’on publie par conviction et par pas soucis commercial. J’ai récemment lu une courte définition de ce qu’est l’édition, par Robert Gottlieb, dans The Paris Review : « Editing is simply the application of the common sense of any good reader », ou en d’autres termes : il n’y a pas de bonne éditrice qui ne soit pas une grande lectrice. À LIRE Carte blanche à Israel Ariño : Ediciones Anómalas Marque-page3 Article précédent Suite Manifesta 15, Barcelone : perspectives féministes et cathédrale des luttes Article suivant L’AFP, vient d’inaugurer son espace galerie à Paris ! La Rédaction9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.
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