Festival Circulation(s) #15 : Entretien avec Clara Chalou, direction artistique, collectif Fetart 8 avril 2025
Sensibilités partagées à la Galerie Echo 119. Rencontre avec Salomé d’Ornano et Kinuko Asano 7 avril 2025
S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria) 26 mars 2025
Masterclass Oeildeep : « Syncopée Méditerranée / Marseille », une série de Pierryl Peytavi 4 avril 2025
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 6) 31 mars 2025
Art Brut d’Iran à la Halle Saint Pierre, entre traditions millénaires et cosmogonies contemporaines 7 jours ago
Entretien avec Nele Verhaeren, Art Brussels, 41e édition : Un programme artistique très exigeant ! 8 avril 2025
Partager Partager Pia Elizondo creuse son sillon fait de photographies noir et blanc (et depuis peu couleurs) pleines d’une certaine mélancolie, d’une douceur intranquille. Lors d’une exposition récente à la Galerie Vu’, elle proposait, en compagnie du photographe Juan Requena qui présentait Le Hasard Funambule, deux séries : Death is a bride et Zoo, et un livre d’artiste : Death is a bride, dont il sera question ici. © Pia Elizondo / VU’ Celui-ci est d’abord un très bel objet, conçu à cinq exemplaires entièrement fabriqués à la main. Couverture rigide rouge vif, typographie originale crée spécialement par Gonzalo García Barcha, papier Awagami Kozo Natural, reliure japonaise, tout est pensé pour conférer à l’objet-livre une qualité exceptionnelle, une finition parfaite. Mais, bien évidemment, il ne s’agit pas que de ça. Un livre si beau soit-il ne saurait être de qualité sans un contenu convaincant. Il faut d’ailleurs souligner ce point : l’ouvrage de Pia Elizondo pourrait servir de modèle pour celles et ceux qui aspirent à avoir leur propre livre, puisqu’ici la forme ne vit pas sans le fond ! Après un deuil, la photographe a choisi de replonger dans ses archives photographiques, de les projeter au mur et d’en photographier au grand format des parties infimes, des traces à l’intérieur de la trace. En conséquence, nous traversons le temps qui passe, les morts qui partent et reviennent, la vie qui fluctue, le passé qui imprègne le présent, la mémoire qui construit, détruit, reconstruit. Death is a bride, qu’il est possible de traduire par « la mort est une compagne », est un voyage dans ce qui fût, ce qui est et ce qui sera. Une tête de cheval, puis la main d’une femme sur une hanche, comme une danse inachevée… Des forêts, des oiseaux, les mats d’un navire. Des fragments qui se croisent, se heurtent. Il n’y a aucune logique et pourtant, tout est cohérent. Un élément en amène un autre, qui finit par renvoyer au précédent ou au suivant. La mémoire s’agite alors que des doigts tracent des signes invocatoires sur la buée des miroirs. Nous sommes presque comme Alice, dans un monde sans dessus dessous, sans entrée et sans sortie. Ici. Là. Ailleurs. © Pia Elizondo / VU’ Avec Death is a bride, Pia Elizondo nous offre une réflexion complexe non seulement sur la place de l’image, sur le rôle ou la forme de la mémoire, mais aussi sur l’enchevêtrement des deux. Il n’est pas ici question d’une structure absolue, rigide et fermée, bien au contraire : une part immense est faite à la « possibilité ». Que reste-t-il quand nous avons tout oublié ? Quand les êtres, les lieux, les époques ont disparu ? Des souvenirs ? Des images ? Un mélange de l’un et de l’autre ? Mais quels souvenirs ? Quelles images ? © Pia Elizondo / VU’ La mémoire est une mauvaise conseillère, nous le savons tous. D’une part, elle est forcément parcellaire, fragmentaire, d’autre part, elle ne peut qu’être subjective puisque réduite à chaque individu. Il n’y a pas de mémoire universelle des souvenirs personnels. Pia Elizondo dans son introspection, dans la recapture fractionnée de ses propres images établi une nouvelle mémoire, un souvenir fluctuant, montrant ainsi la labilité de celle-ci. Elle ne décide pas de refaire l’histoire, de faire une autre histoire, plutôt elle crée un continuum où chaque image possède un vertige d’images, d’histoires possibles. Au fond, il n’y a rien qui ne ressemble à ce qui a été vécu, et pourtant, tout est semblable. Et le flou qui nimbe les photographies achève ce sentiment d’incertain. © Pia Elizondo / VU’ La mise en abyme bouleverse le lecteur, qui ne peut que suivre le flux, s’y adapter, et constater, aussi, que sa propre mémoire va fonctionner de même. À cela, s’ajoute une réflexion sur le média photographie. En rephotographiant ses propres photographies, Pia Elizondo renforce la fragilité de la « vérité photographique ». Non, une image, aussi apparemment objective qu’elle soit, ne peut prétendre à dire la vérité. Au mieux, elle dit une vérité à un instant. En proposant une autre image dans l’image, Death is a bride invite à une double réflexion sur la photographie comme vérité, sur la mémoire comme vérité. Chacun, chacune en trouvera une. Ou pas. C’est ce qui en fait un ouvrage d’une grande force, il ne donne pas de solutions tout faîte. Peut-être que ces chaussures à talon sont une part du souvenir, peut-être pas. Peut-être que ce visage de femme barré d’une ombre en est une autre. Peut-être pas… Rien n’est certain, tout reste à repenser, à se remémorer. Pia Elizondo offre ici un livre rare, d’abord parce que produit en toute petite quantité, ensuite parce qu’il ouvre un champ réflexif vaste et complexe. Il paraît essentiel en tout cas, que les photographes, quel que soit leur pratique, prennent le temps de songer à ce qui restera de leurs images et de la vérité qu’ils pensaient qu’elles contenaient. Pour commander le livre ou découvrir l’univers de Pia Elizondo INFOS PRATIQUES EXPOSITION Galerie VU'58 rue Saint-Lazare, 75009 Paris ven17mai(mai 17)12 h 30 minjeu25jul(jul 25)18 h 30 minPia Elizondo & Juanan RequenaDeath is a Bride | Le hasard funambuleGalerie VU', 58 rue Saint-Lazare, 75009 Paris Détail de l'événementCette double exposition est l’occasion de réunir la photographe mexicaine Pia Elizondo et le photographe espagnol Juanan Requena. Tous deux développent une oeuvre en lien étroit avec la littérature et Détail de l'événement Cette double exposition est l’occasion de réunir la photographe mexicaine Pia Elizondo et le photographe espagnol Juanan Requena. Tous deux développent une oeuvre en lien étroit avec la littérature et la fiction et partagent le même attachement au livre d’artiste. Pia Elizondo Death is a Bride Nous exposerons l’ensemble Death is a Bride de Pia Elizondo. Après un deuil, la photographe a entrepris une forme de voyage intérieur vertigineux, aussi bien en elle-même qu’à travers ses images. Elle réalise alors un long travail d’observation et d’introspection, projetant ses photographies au mur pour n’en retenir que des fragments en le rephotographiant avec un appareil argentique grand format. Qu’y cherche-t-elle ? Peut-être des bribes de ce que ses images disent d’elle-même, peut être des signes, en tout cas une percée vers d’autres possibles, un mystère insoluble à ramener à la surface des images ou le réel semble se contorsionner. Juanan Requena Le hasard funambule De ce nouvel ensemble de petits tirages uniques, il dit : « Lorsque je pense au hasard, je pense à tous les trains qui ne sont jamais arrivés, aux décisions qui ponctuent lentement mais crucialement nos pas, à une plume toujours à la limite de l’équilibre fragile. Aux photographies funambules qui savent saisir le vent, à la danse des rayons du soleil à travers les aiguilles de pin, à un coucher de soleil là où je ne suis jamais allé. Quand je pense au hasard, je pense aux mots que la lumière nous laisse après chaque rencontre, à chaque geste qui précède l’étonnement, à l’image que nous laissons derrière nous et qui résonne encore dans le rétroviseur. » Juanan Requena est un alchimiste de la lumière et du verbe, mais aussi des pierres, du bois, des cordes, du papier… Il aime gratter, coller, écrire, raturer, construire et rénover, faire et défaire, tissant sans cesse des chemins multiples dans une quête constante de la poésie du quotidien. Après de beaux échecs et de constantes dérives, il est parti vers la mer, au sud, où il a appris des hendécasyllabes et du flamenco, vendant des livres et servant des cafés. Il s’est transformé en voyageur, technicien pour des tournées de groupes de rock, remplissant d’inépuisables journaux intimes. Ainsi, il a vagabondé, couvert de salpêtre et de doutes, jusqu’à se convaincre que le regard et la poésie pouvaient s’unir dans la même incandescence : un combat qu’il tente de retranscrire, sans jamais s’arrêter, encore aujourd’hui. Dates17 Mai 2024 12 h 30 min - 25 Juillet 2024 18 h 30 min(GMT-11:00) LieuGalerie VU'58 rue Saint-Lazare, 75009 ParisOther Events Galerie VU'58 rue Saint-Lazare, 75009 ParisOuverte au public du mercredi au vendredi de 12h30 à 18h30. Sur rendez-vous les autres jours. Galerie VU' Get Directions En savoir plus CalendrierGoogleCal https://www.piaelizondo.com/ Marque-page2
La Part des Femmes publie une étude de cas visant à changer la lecture et la production des portraits de presse
Photo Masterclass Oeildeep : « Lunaria », une série de Blandine Vives Cette semaine nous poursuivons la restitution de la Masterclass Oeildeep qui s’est achevée en décembre 2024 sous l’égide de Raphaële Bertho, Bruno ...
Interview Art Contemporain Art Brut d’Iran à la Halle Saint Pierre, entre traditions millénaires et cosmogonies contemporaines La nouvelle exposition de la Halle Saint Pierre se penche sur le phénomène de l’art brut iranien sur la scène internationale à ...
Interview Art Contemporain Interview Muriel Enjalran, Frac Sud – Cité de l’art contemporain Rencontre avec Muriel Enjalran à l’occasion des expositions d’Eléonore False « Le Fil de chaîne » et du récit de collection « ...
L'Edition S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria)
S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria)
Festival Circulation(s) #15 : Entretien avec Clara Chalou, direction artistique, collectif Fetart 8 avril 2025
Sensibilités partagées à la Galerie Echo 119. Rencontre avec Salomé d’Ornano et Kinuko Asano 7 avril 2025
S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria) 26 mars 2025
Masterclass Oeildeep : « Syncopée Méditerranée / Marseille », une série de Pierryl Peytavi 4 avril 2025
Dernier chapitre d’une trilogie familiale, le photographe Pierre-Elie de Pibrac en Israël (Episode 6) 31 mars 2025
Art Brut d’Iran à la Halle Saint Pierre, entre traditions millénaires et cosmogonies contemporaines 7 jours ago
Entretien avec Nele Verhaeren, Art Brussels, 41e édition : Un programme artistique très exigeant ! 8 avril 2025