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Notre invitée de la semaine, Florence Reckinger-Taddeï, la fondatrice et présidente de Lët’z Arles et du Luxembourg Photography Award, consacre sa toute dernière carte blanche, au photographe et co-fondateurs du festival des Rencontres d’Arles. Cet autodidacte aura fait beaucoup pour la photographie, à Arles il aura participé à initié ce qui deviendra l’un des plus grands festivals de la photographie au monde, il aura également contribué activement à la création de l’École nationale supérieure de la photographie. Il est également le premier photographe à siéger sous la coupole à l’Académie des Beaux-Arts. Cette année marque les 10 ans de la disparition de Lucien Clergue.

Encore un autodidacte ! Le premier autodidacte en France à avoir été reçu docteur ès lettres avec option « photographie » à l’université de Provence Aix-Marseille en 1979. Olé ! Sa thèse, publiée sous le titre Langage des sables, ne comporte aucun mot, seulement des images, « c’est l’écriture avec la lumière » aimait-il à dire. Un commentaire de Roland Barthes, membre du jury de thèse, fait office d’antithèse faute d’avoir pu en rédiger une. Quelle audace !
Lucien Clergue, arlésien de naissance et de vie, a toute mon admiration pour avoir été non seulement le photographe reconnu que l’on sait, mais également pour avoir initié et porté avec générosité et passion des projets fédérateurs pour d’autres artistes. Notamment les bien nommées Rencontres d’Arles (qu’il avait intitulées les Rencontres Internationales -à prononcer avé accent et emphase- de la Photographie, les RIP pour nous tous !), devenues des cinquantenaires pimpantes, en bonne route pour leurs sweet sixties !

Lucien Clergue aux Baux-de-Provence, Rencontres d’Arles, 1975. © Wolfgang H. Wögerer CC

C’est à la faveur de leur 1er voyage à New York, en 1961 que Lucien et son incroyable épouse, Yolande, rencontrent l’Amérique. Lucien, est invité à exposer son travail pour la première fois aux Etats-Unis en compagnie de Robert Frank et Isuhiro Ishimoto dans l’exposition « Diogenes with a camera V ». Lucien est l’invité du MoMA et Picasso a offert le voyage de Yolande, la jeune hôtesse de l’air qui parle si bien l’anglais. Comme toujours, Lucien immortalise toutes les étapes de ce périple excitant. Les rues depuis Flushing Meadows où ils logent, Yolande élégante et raffinée vérifiant sa coiffure impeccable et son célèbre trait d’eyeliner à l’arrêt de bus, l’arrivée au MoMA et la rencontre avec Steichen, qui dirige avec énergie le département consacré à la photographie de ce grand musée.

Yoyo à New York 1961 © Atelier Lucien Clergue 2024 | MoMA New York 1961 © Atelier Lucien Clergue

Lucien racontait cette rencontre mythique et sa sidération en constatant qu’il fallait traverser plusieurs salles consacrées à la photographie avant d’arriver au Guernica de Picasso. Cette visite l’aurait convaincu de la possibilité de présenter la photographie à la même échelle que toutes les œuvres d’art, à une époque où les photos relevaient principalement du reportage et n’avaient pas beaucoup de valeur marchande. Cerise sur le gâteau, Steichen achète une dizaine de photos pour la collection du MoMA. Quelle fierté ! Ah il n’est pas venu pour rien, notre Lulu ! Dès son retour, il fonce voir son copain Jean-Maurice Rouquette, conservateur des musées d’Arles et l’entraîne dans une nouvelle aventure : la création du premier département photographique dans un musée français, le Musée Réattu, avec la première exposition intitulée « La Photographie est un art » en 1965.

Edward Steichen MoMA, New York 1961 © Atelier Lucien Clergue 2024 | Vue du MoMA, © Atelier Lucien Clergue 2024

Les idées sont suivies d’effet chez Lucien. En 1968, il fonde avec Jean-Maurice Rouquette et l’écrivain Michel Tournier, les premiers éléments des RIP, qui se tiennent chaque année au mois de juillet depuis 1970.
Il invite à Arles les photographes qu’il admire, n’hésitant pas (c’est sa force), à aller les chercher aux États-Unis (Ansel Adams, André Kertész, Robert Mapplethorpe…) et au Japon (Eikoh Hosoe…) Ce seront les artisans des premiers « ateliers de photo » à Arles, les fameux workshops -à prononcer « workeshope » !- chers à Lucien.

Correspondance entre Edward Steichen et Lucien Clergue.

Lucien a sans cesse milité pour la reconnaissance de la photographie en tant que discipline artistique à part entière au même titre que la peinture, la gravure ou la sculpture, racontant toujours combien sa rencontre avec Steichen au MoMA l’avait convaincu de la justesse de ce combat.¹

La première (historiquement) collection de photographies muséale de France est ainsi celle du Musée Réattu, initié grâce à l’entregent de Lucien et Yolande, qui ont écrit à 40 photographes pour leur proposer de donner des œuvres au musée de la Ville d’Arles. Un succès : Man Ray, Edward Weston, Willy Ronis…. sont toujours dans la collection du Musée Réattu, qui s’est enrichie au fil du temps, avec aujourd’hui près de 5 000 photos, dont de très généreuses donations de Yolande et Lucien.

En parallèle, l’épatante Yolande fonde l’Association pour la création de la Fondation Van Gogh, qu’elle fait grandir avec Anne, dans le magnifique Palais de Luppé² , entre les arènes et le théâtre antique d’Arles. Il faudrait une autre carte blanche pour raconter cela !

Sur ces piliers solides, Maja Hoffmann et Bice Curiger construiront la Fondation Van Gogh que nous admirons aujourd’hui et qui célèbre son 10ème anniversaire en nous offrant le premier retour de la Nuit étoilée depuis que Van Gogh l’a peinte sous les cieux arlésiens et un voyage cosmique made by Jean de Loisy qui se termine par…deux photos d’eaux irradiées de soleil de Lucien Clergue !

C’est encore le prolifique Lucien qui contribue activement à la création de l’École nationale supérieure de la photographie à Arles en 1982, une initiative  novatrice et pérenne. Preuve en est de l’installation de l’école dans un magnifique geste architectural, une ligne épurée de la main de Marc Barani en 2019. Lucien pense aux autres. La transmission !
En route ensuite pour les ors et les lauriers ! Grâce à l’aide de Guy de Rougemont, la VIII ème section de Photographie est enfin créée à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Lucien devient le premier photographe académicien en 2006. Nul besoin de faire l’éloge d’un prédécesseur à l’immortalité. Il peut parler de lui et raconter ses histoires. Il choisira de raconter la naissance de la photographie, en accueillant de nombreux photographes. L’ami arlésien, Christian Lacroix, lui dessine un splendide costume et l’épée est bien sûr réalisée par les ateliers de Tolède, comme les toreros qu’il adore. Tous les arlésiens sont là en veste de gardian !

Suerte Lucien !

Pendant ce temps, il fait des livres. Plein. Il adore et les fait très bien : Corps mémorables en 1957 chez Seghers avec la poésie d’Eluard, Née de la Vague, Genèse, Toros muertos, Les gitans, Ecritures de lumière, La Camargue est au bout des chemins, Camargue secrète, Phénixologies (tournage du testament d’Orphée de Cocteau) aux Baux de Provence, Saint-John Perse, Poète devant la mer, Phèdre, avec Christian Lacroix, En Arles avec Lacroix et Patrick de Carolis, … plus de 80 livres, toutes ses passions ! Lucien a le goût des mots. Le goût de la poésie qu’il déclame en cadeau à ses hôtes. Un régal.
Lucien joue aussi admirablement de ce violon que sa mère lui avait offert et qu’il a un peu remisé pour l’appareil photo, autre cadeau inspiré de sa maman. Je me souviens d’un anniversaire du 14 août, orchestré par ses filles, Anne et Olivia, avec Yolande et les amis où l’on entend pendant le dîner un violon tsigane se rapprocher avec intensité pour découvrir l’œil pétillant d’Ivry Gitlis par la fenêtre, venu fêter son ami en surprise. S’en est suivie une journée du lendemain improvisée sur notre plage sauvage de Camargue adorée, aux notes d’Ivry et de Lucien et à la lumière du Mistral. Un enchantement.

Lucien Clergue pour son 75e anniversaire, Beaucaire, Août 2007 © Florence Reckinger Taddeï | Plage des Salins du Midi, Salins de Giraud, 14 aout 2009 © Florence Reckinger Taddeï

Plage des Salins du Midi, Salins de Giraud, 14 aout 2009 © Florence Reckinger Taddeï

La musique qui coulait dans les veines de Lucien a assurément été nourrie par sa fascination pour les communautés gitanes qu’il a côtoyées à Arles et en Camargue. Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, les sédentaires de la région sont rejoints chaque année au mois de mai par les nomades de toute l’Europe pour le pèlerinage de leur patronne, Sainte Sara. Ce sacro-saint pèlerinage continue à être une source inépuisable d’images fortes pour de nombreux artistes.

Roulotte | Lucien Clergue chez Reyes, rue Genive, Arles 1962 photographie de Y. Clergue

La communauté gitane a longtemps vécu en cercle fermé, maintenant ses traditions, ses rituels et possédant un sens de la fête qui n’a pas manqué de séduire Lucien. Sa fréquentation de la communauté gitane lui permet de rencontrer Manitas de Plata et son ami le chanteur José Reyes, le père des Gipsy Kings. Avant de devenir célèbres à leur tour, ils joueront tous régulièrement pour fêter les invités de Lucien aux Rencontres de la photographie.

Dès que Lucien rencontre Manitas, les fêtes s’accumulent et lui permettent de vivre en témoin privilégié des moments exceptionnels. Ses photos ornent toutes les pochettes des disques vinyles de Manitas. Lucien s’improvise impressario -n’oubliez pas l’accent- et voyage avec son ami dont il négocie les contrats. Place de l’Odéon, à Paris, ils ont leurs habitudes dans un petit hôtel d’angle, pour sa chambre au rez-de-chaussée qui leur permet d’enjamber la rambarde et de filer à l’anglaise, leur manière de régler leurs relations avec la gent féminine !

Au dessus : Pochettes de disque Manitas de Plata © Atelier Lucien Clergue 2024
Au dessous : Lucien Clergue & Manitas de Plata © Basil Langton 1967

Lucien épouse tout de la vie gitane. Il fréquente assidument les voyantes et m’envoie, pour mes 40 ans, chez la merveilleuse Martine « qui m’a sauvé !» dit-il, au fond de ses deux cours moyenâgeuses, au pays de Nostradamus et de Tartarin, en entrant par la porte ceintrée à la grande Vierge en or, bras ouverts pour nous montrer le chemin.

Lucien Clergue, aux 40 ans de Florence Reckinger Taddeï © Archives privées

Comme toujours chez Lucien, c’est l’humanité qui prévaut. Il nous offre la beauté cinématographique des visages dessinés à l’encre, de la prestance impressionnante, des ports de tête fiers et défiants, des robes virevoltantes, des regards de feu, de la musique délirante des gitans de Camargue. Pendant des années, j’ai été hantée par la « Danse du mariage gitan » que Lucien a photographiée en 1963. Je suis heureuse de vivre avec elle depuis si longtemps. C’est la dernière photo que j’ai eue de Lucien. Cette femme en transe, les yeux et les bras levés au ciel, dans un chemisier blanc et une jupe crayon, des escarpins aux pieds, a une allure folle. Derrière elle, des hommes en chemise blanche, disposés en demi-cercle, comme dans l’arène, le visage grave, les yeux brillants d’intensité. Cette femme, cette danse, cette photo sont hypnotiques ! Cette scène pourrait être celle d’un film où Claudia Cardinale ou Brigitte Bardot auraient la vedette… La passion, le feu de la danse et des personnages sont envoûtants !

Danse du mariage gitan Saintes-Maries de la Mer 1963 © Atelier Lucien Clergue 2024

« On chante, on danse, on forme le cercle et nul n’y pénètre sauf si le sang léger coule dans ses veines. » écrit Jean Cocteau dans une lettre à Lucien en 1957.

Cocteau s’inspirera d’ailleurs de l’une des photos de Lucien représentant Manitas, José Reyes et une petite danseuse en y substituant le visage de la jeune Carole Weissweiller, fille de son amie et mécène Francine Weisweiller qui l’accueillait indéfiniment à Santo Sospir, pour sa fresque dans la Chapelle de Villefranche-sur-Mer.

Petite danseuse gitane, Manitas de Plata , Reyes et famille, Saintes-Maries de la Mer 1955 © Atelier Lucien Clergue 2024

Fresque de la chapelle de Villefranche par Cocteau

Le vibrato gitan suit le photographe et ses expositions voyageuses. En 2007, la galeriste luxembourgeoise Marita Ruiter présente une exposition de Lucien dans sa galerie Clairefontaine dédiée à la photographie (la 1ère et seule du Grand-Duché). Le projet doit être monté rapidement car, peu de temps après que je l’ai proposée à Marita, un créneau se libère dans son programme. Et, devinez qui crée cette opportunité pour notre arlésien ? Michel Medinger (voir carte blanche numéro 1 !) ! Michel, dont les tremblements l’ont empêché de tirer ses photos au niveau d’excellence qui l’obsède et préfère reporter sa propre exposition à la galerie.
Après les résistances de Lucien -« Ma pauvre Florence, je ne vais jamais y arriver ! Et ce Mistral qui rend fou ! Je n’en peux plus ! » m’écrit-il- l’exposition est vernie dans le froid de février et la chaleur du mur rouge de la galerie sur lequel Marita a juste reproduit la signature de Lucien. De cette soirée chaleureuse et réconfortante, Michel Medinger m’offrira un souvenir émouvant. Quelques semaines après le décès de Lucien, en 2014, Michel sonne à la porte sans s’annoncer, un paquet dans les bras. « Je crois que tu es triste car tu as perdu un ami. Alors j’ai pensé te faire plaisir avec cela» dit-il avec gravité. Mon cœur chavire à la découverte de deux photos, prises par Michel, de Lucien signant de tout le long de mon bras avec humour et tendresse. Vues du ciel !

Lucien Clergue et Florence Reckinger-Taddeï par Michel Medinger

Lucien Clergue et Florence Reckinger-Taddeï par Michel Medinger

Puis les fidèles, François Hébel et Christian Lacroix, imagineront un splendide hommage à Lucien au Grand Palais en 2015, avec la photo d’un jeune gitan portant Sainte Sara en 1959 en tête d’affiche. On dirait Clark Gable !

Côté Luxembourg, une belle exposition de Lucien, Poète photographe verra le jour au Cercle Cité, sous le commissariat d’Anne Clergue. La photo sublime choisie pour l’affiche fera plus tard partie de l’Envol, ou le rêve de voler, brillamment imaginée par le grand collectionneur Antoine de Galbert et Paula Aisemberg, pour la dernière exposition de la Maison Rouge, accompagnée comme toujours d’un très beau livre soigné par Véronique Pieyre de Mandiargues.

Puis nous projetterons avec émotion au Luxembourg les magnifiques documentaires « Lucien Clergue, à la mort, à la vie » d’Elisabeth Schlumberger et « Clic Clac Clergue » de Bernard Gille, photographe et ancien assistant de Lucien, qui donne la voix aux amis, à Wally Bourdet et aux autres, dont un autre documentaire fidèle sur Lucien vient de voir le jour : « La décade Lucien Clergue ».

J’imagine que tous ces chemins qui se croisent, tous ces rendez-vous, alimentent encore là-haut les fameux contes de Lucien, et ses talents à mystifier toutes les étapes de sa vie hors normes jusqu’à ce qu’il conclut, comme dans ce message d’autrefois :

« En attendant, je glisse un rouleau dans mon vieux Minolta et vais faire quelques photos sous le Mistral ! 
Je t’embrasse, un peu triste de ne pas t’avoir vue, mais le coeur y est pour toujours ».

ACTUALITÉS DE LUCIEN CLERGUE :

Lucien Clergue à Réattu du 29 juin au 6 octobre 2024, A l’occasion du 10ème anniversaire de sa mort, le Musée Réattu d’Arles présente 60 photos de Lucien Clergue. Le commissaire, Andy Neyrotti, a choisi de faire déambuler les œuvres au sein de la collection de ce musée que le photographe a tant contribué à faire grandir.

« La relation entre Lucien Clergue et le musée est en effet ancienne et prolifique. Fort d’un talent déjà reconnu par de grands artistes comme Picasso, Jean Cocteau ou Edward Steichen, soutenu par son ami Jean-Maurice Rouquette, nommé à la direction du musée en 1956, le photographe devient une des forces vives de l’institution. Son action a pris différentes formes au fil des décennies : entremetteur inspiré ayant permis d’écrire quelques- unes des plus belles pages de l’histoire des expositions au musée, comme l’exposition Picas- so de 1957 ; artiste exposant, dès 1960 ; instigateur passionné de la création de la Section d’Art Photographique en 1965 puis du festival des Rencontres en 1970 ; enfin, donateur d’une générosité immense, qui a enrichi les collections de la Ville de près de 300 œuvres données entre 1965 et 2014.
Accrochées au cœur des collections permanentes, les photographies de Lucien Clergue entrent en résonance avec les peintures, sculptures et dessins, anciens comme modernes, que le photographe a fréquentés toute sa vie, parfois jusqu’à les interpréter dans ses propres images. Une manière pour le musée de lui témoigner, une fois de plus, la reconnaissance qu’il doit à cette figure haute en couleur, définitivement entrée dans l’histoire d’Arles et de la photographie. » Andy Neyrotti.

Gypsy Tempo, au festival Kyotographie, sous le commissariat de François Hébel et Anne Clergue

La maison d’édition arlésienne, Actes Sud republiera en 2025 la Correspondance Cocteau-Clergue édité en 1989 – A suivre !

¹ Cette mission continue à être menée par d’autres et elle garde toute son actualité, notamment avec la formidable association des Filles de la Photo, que je ne peux m’empêcher de citer tant leur engagement est remarquable.

² Le Palais de Luppé, renaît il y a quelques années sous l’impulsion de Laetitia et Loup-Sanche de Luppé. Cet été, Modernes égéries nous fera découvrir, en plus de la fantastique batisse et de l’atelier de xxxx de luppé, les facettes du talentueux architecte xxxx Sala, bâtisseur 70’s de la Villa Benkemoun qui se visite également pour les chanceux et qui accueille elle-même, grâce à l’énergie couplée de Brigitte Benkemoun et Thierry Demaizière.

La Rédaction
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