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Pour sa deuxième carte blanche, notre invité·e, l’artiste GLADYS, nous parle de sa passion pour le portrait, une pratique qui complète son goût pour l’éclectisme. L’éclectisme est bien le mot qui caractérise le plus le travail de GLADYS. C’est de là qu’elle puise toute sa force, mais c’est aussi malheureusement sa faiblesse dans un marché de l’art très standardisé, ses œuvres ont des difficultés à trouver leur place. L’inclassable ! Un amer revers de la médaille, car c’est justement cet éclectisme qui lui permet d’alimenter sa curiosité et sa création.

Plus que l’architecture par exemple, j’ai toujours préféré photographier les gens ou leurs traces, leur vécu, leurs rêves… En 1993, à l’occasion d’une importante commande de portraits pour la Maison de la culture de Bourges j’ai photographié des centaines de personnes anonymes. J’ai commencé à m’interroger alors sur la représentation du visage.

Tête, archéologie du présent © GLADYS

Tête, archéologie du présent © GLADYS

Tête, archéologie du présent © GLADYS

Très marquée par la culture méditerranéenne, j’ai construit un ensemble de portraits à l’instar des bustes de statues antiques Tête, archéologie du présent publié en 2004 aux éditions Filigranes.

Parallèlement à ce travail, mon expression est devenue plus minimaliste et concentrée dans la série Le visage et l’envers concrétisée par une exposition à la Maison des Arts d’Évreux en 2002 et la publication d’un catalogue, mon exploration m’a amenée à concevoir au final une tête à l’envers. Le visage mis à l’envers a perdu ses codes de reconnaissance, et étrangement celui-ci devient un paysage de chair, une planète dans l’univers.

L’envers du visage © GLADYS

L’envers du visage © GLADYS

L’envers du visage © GLADYS

Je suis considérée la plupart du temps comme une artiste éclectique, inclassable, pas de celles à qui l’on peut passer facilement des commandes, tant mon travail est animé par des sources d’inspiration différentes. C’est ma force de partir d’un endroit où l’on ne m’attend pas.

Une fois l’ouvrage Tête, archéologie du présent publié, d’autres personnes qui auraient pu être des modèles attiraient mon regard, mais cela ne m’a jamais intéressée de répéter le même motif indéfiniment. Mes séries sont courtes, une fois le sujet et l’idée mise en forme, à quoi bon la répétition ? cela devient alors un système qui ne m’intéresse pas. J’ai besoin de passer à autre chose, de découvrir et poursuivre une autre piste.

Je ne suis pas de celles qui poursuivent toute leur vie la même obsession. C’est tout l’inverse, j’aime montrer les différentes facettes des choses qui me touchent.

L’unité dans mon travail est une évidence qui s’est révélée à l’occasion de rétrospectives dans lesquelles j’ai réuni des décennies de photos en exposition, ou lorsque j’ai travaillé sur la maquette et la mise en page dans ma monographie « GLADYS » qui vient de paraître aux éditions Contrejour. Ainsi les images pourtant séparées par des années d’écart à la prise de vues, et issues de différentes sources d’inspiration se rejoignent dans mon travail, s’accordent et s’enrichissent l’une l’autre dans les doubles pages en vis-a-vis.
Rétrospectivement mon univers trouve son unité et sa cohérence en prenant des formes très diverses. Mon regard trouve toujours un point d’ancrage qui me ressemble.

Gens de Bourges, body building © GLADYS

Gens de Bourges, escrime © GLADYS

Gens de Bourges, nageuse © GLADYS

Jusqu’au 25 août, nous pourrons découvrir quelques portraits de sportifs de Gens de Bourges dans l’exposition Histoires de sport conçue par le Jeu de Paume et la MPP qui se déroule actuellement au Cellier de Reims.

ven24mai(mai 24)14 h 00 mindim25aou(aou 25)18 h 00 minHistoires de sportsExposition collectiveLe Cellier, 4bis Rue de Mars, 51100 Reims

INFOS PRATIQUES
GLADYS
Éditions Contrejour
24 x 30 cm, 152 pages
45 euros
https://www.editions-contrejour.com/

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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