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Partager Partager Temps de lecture estimé : 6minsNous avons reçu récemment l’historienne et curatrice Luce Lebart en invitée de la semaine, à l’occasion notamment de la 19ème édition du festival Fotografia Europea qui se déroule jusqu’au 9 juin à Reggio Emilia, au nord de l’Italie. Luce Lebart est en charge de la codirection artistique aux côtés de TIM Clark et Walter Guadagnini. Elle nous a sélectionné trois expositions à ne pas rater, nous vous proposons aujourd’hui de découvrir la série « Cloud Physics », une une réflexion photographique lumineuse sur les phénomènes atmosphériques de la vie sur Terre de Terri Weiffenbach exposée au Chiostri di San Pietro. Billions of data points on atmospheric conditions are regularly collected from around the globe. Once processed, they are published in daily weather reports and at the same time, archived as part of a major observation exercise on climate change. Initially, the tasks of observing and gathering information fell to those whose life and survival depended on weather conditions, on both land and sea: sailors, fishermen and farmers. Their predictions came from the observation of plants and the behavior of animals, including swallows, crows, donkeys, frogs, cats, dogs and owls. All living beings, together with clouds and celestial bodies – especially the moon – were called upon to predict rain or sunshine. © Terri Weiffenbach Instead of sailors, painters and meteorologists, instruments now produce data. They do so automatically, keeping watch on climate and weather. This is what instruments look like: still, static and solid. In fact, they are the opposite of the atmospheric phenomena they record and the opposite of moving clouds, made of constantly changing droplets. When Weifenbach learned of the Atmospheric Radiation Measurement Research Facility (ARM) in the United Sates, she decided to travel to the Oklahoma plains, to find out about the tools that measure atmosphere. Her first impression when coming into contact with them was that they were avant-garde, ready-made sculptures, scattered haphazardly over acres of huge plains: “Most of these instruments are shielded, clad or covered to protect them from wind, heat and cold, making them surrealistic objects, but also providing them with a degree of humanity.” The photographer offers enlightening images of these sentinels recording climate change. She plays with perspective blur around some of them, in the tradition of photo portraits, to show them to their best advantage. © Terri Weiffenbach Diving into the whirlwind of images in Cloud Physics means setting out on a journey with no anchorage point. In Habiter en oiseau (Living as a Bird) philosopher Vinciane Despret writes that territory “is where everything becomes rhythm, a melodic landscape, pattern and counterpoint, material for expression. Territory can be seen as the effect of art.” Here, the way in which images are organized create resonance and reveal reciprocity. A subtle meeting occurs of shapes, colors and optical aberrations. Links are created between a raindrop, a vanishing ray of sunshine, a bird in flight, the fur of a deer and children swimming. Water states and image effects interact: haze and blur, dew and clouds. Both territory and images live off constantly created links. In uprooting images from their geographical location, Weifenbach depicts the communality of living beings, of earth and sky, of sun and clouds. The images celebrate visceral attachment to nature, its beauty and its mysteries. But they also reveal the fear and worry in the face of its extinction. Voir la traduction automatique en français Des milliards de points de données sur les conditions atmosphériques sont régulièrement collectés dans le monde entier. Une fois traitées, elles sont publiées dans les bulletins météorologiques quotidiens et, dans le même temps, archivées dans le cadre d’un vaste exercice d’observation du changement climatique. À l’origine, les tâches d’observation et de collecte d’informations incombaient à ceux dont la vie et la survie dépendaient des conditions météorologiques, sur terre comme sur mer : marins, pêcheurs et agriculteurs. Leurs prévisions provenaient de l’observation des plantes et du comportement des animaux : hirondelles, corbeaux, ânes, grenouilles, chats, chiens, hiboux, etc. Tous les êtres vivants, ainsi que les nuages et les corps célestes – en particulier la lune – étaient sollicités pour prédire la pluie ou le beau temps. À la place des marins, des peintres et des météorologues, ce sont aujourd’hui des instruments qui produisent des données. Ils le font automatiquement, en surveillant le climat et le temps. C’est à cela que ressemblent les instruments : ils sont immobiles, statiques et solides. En fait, ils sont à l’opposé des phénomènes atmosphériques qu’ils enregistrent et à l’opposé des nuages en mouvement, constitués de gouttelettes en perpétuel changement. Lorsque Mme Weifenbach a appris l’existence de l’installation de recherche sur la mesure du rayonnement atmosphérique (ARM) aux États-Unis, elle a décidé de se rendre dans les plaines de l’Oklahoma pour découvrir les outils qui mesurent l’atmosphère. La première impression qu’elle a eue à leur contact a été qu’il s’agissait de sculptures d’avant-garde, prêtes à l’emploi, dispersées au hasard sur des hectares de plaines immenses : « La plupart de ces instruments sont blindés, habillés ou couverts pour les protéger du vent, de la chaleur et du froid, ce qui en fait des objets surréalistes, mais leur confère également un certain degré d’humanité ». La photographe propose des images éclairantes de ces sentinelles qui enregistrent le changement climatique. Elle joue avec le flou de perspective autour de certains d’entre eux, dans la tradition des portraits photographiques, pour les mettre en valeur. Plonger dans le tourbillon d’images de Cloud Physics, c’est partir pour un voyage sans point d’ancrage. Dans Habiter en oiseau, la philosophe Vinciane Despret écrit que le territoire « est l’endroit où tout devient rythme, paysage mélodique, motif et contrepoint, matériau d’expression ». Le territoire peut être considéré comme un effet de l’art ». Ici, l’organisation des images crée une résonance et révèle une réciprocité. Il se produit une rencontre subtile entre les formes, les couleurs et les aberrations optiques. Des liens se créent entre une goutte de pluie, un rayon de soleil qui s’évanouit, un oiseau en vol, le pelage d’un cerf et des enfants qui se baignent. Les états de l’eau et les effets de l’image interagissent : brume et flou, rosée et nuages. Le territoire et les images vivent de liens constamment créés. En déracinant les images de leur emplacement géographique, Weifenbach dépeint la communalité des êtres vivants, de la terre et du ciel, du soleil et des nuages. Les images célèbrent l’attachement viscéral à la nature, à sa beauté et à ses mystères. Mais elles révèlent aussi la peur et l’inquiétude face à son extinction. 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