PhotoPortfolio

Lentement, tombe le soleil, une série photographique d’Elise Rochard

Cette semaine, dans notre rubrique consacrée aux photographes, nous avons choisi de partager avec vous la série Lentement, tombe le soleil de la photographe française, Elise Rochard. Un témoignage intime et familial autour de la maladie d’Alzheimer. La grand-mère d’Elise est atteinte de cette dégénérescence cérébrale qui lui fait perdre tous repères spatio-temporels. Chaque cliché tente d’immortaliser des fragments de vie et de souvenir que la maladie emporte avec elle…
Cette rubrique est la vôtre, si vous souhaitez soumettre votre travail, envoyez-nous vos séries !

Il s’agit de parler d’un être dévasté par la maladie d’Alzheimer, qui cherche obstinément à se frayer un chemin dans des paysages qu’il croit reconnaître, qui revient cycliquement aux mêmes points si vite transformés, qui ont un vague lien dans leur forme mais plus dans leur fond. C’est une course folle qui se répète, une journée sans fin où il ne sait plus ce qu’il cherche, où il se perd dans la nuit, où il croit voir, où il mélange.

La dégénérescence cérébrale entraîne chez le malade la perte de repères spatio-temporels; la distorsion des connaissances fait naître chez lui de nouvelles frontières incompatibles, rentrant en conflit avec celles qui régissent son quotidien, son rapport à l’autre et au monde. Sa lucidité ne fait que s’éloigner irrémédiablement, le lieu familier lui donne une impression de déjà-vu sans pour autant qu’il reconnaisse quoi que ce soit, car les époques, les personnes, se confondent en le jetant sans préambule dans un gouffre vertigineux de solitude.

Ce travail est accompagné de messages laissés par une malade d’Alzheimer, ma grand-mère. Si dès ce premier témoignage les répétions rendent le texte lourd de sens («plus long», «longtemps», «déjà loin»), l’écriture est encore lisible. Le geste d’écrire va peu à peu se perdre.

Comment peut-on avoir le sentiment d’habiter un espace alors même qu’on n’habite plus dans sa propre conscience?

Née en 1987 à Angers j’obtiens un Master 2 en Arts pratiques et poétiques en 2011. Depuis 2020 je suis autrice-photographe professionnelle et en 2023 je deviens membre du collectif de photographes VIe Sens. Je fais partie de l’association Tisseurs d’Images qui organise des festivals photographiques. Je réalise régulièrement des expositions de mon travail ainsi que des livres et des films photographiques dont je compose la musique.
Ma démarche photographique oscille entre la narration et le reportage, sans pour autant me réclamer d’une intégrité documentaire. Mes propositions photographiques métaphoriques et sociologiques évoluent autour des thèmes des frontières, de l’identité et du déterminisme social, de l’intériorité, de l’invisible, de l’inconscient et de la temporalité. Je crée des images symboliques et poétiques afin de les rendre implicites, ambiguës, ouvertes et libres d’interprétation. Il s’agit principalement de photos de paysages, de territoires que l’on peut s’approprier ou bien d’objets auxquels on peut s’identifier. Les humains que l’on aperçoit parfois sont coupés, cachés, de dos, ou minuscules dans un grand panorama afin de créer une distance: des images calmes, silencieuses. Ainsi je dégage une atmosphère mystérieuse, secrète, inquiétante, parfois surnaturelle.
Mes influences photographiques vont de Claudine Doury à Piotr Zbierski, d’Alex Soth à Julien Magre, de Gabrielle Duplantier à Peter Marlow, de Juan Fontcuberta à Lieko Shiga. Je m’inspire de romans fantastiques comme ceux d’Edgar Allan Poe, Jean Ray et des surréalistes comme André Breton.

Website : https://eliserochard1.wixsite.com/
Instagram : https://www.instagram.com/elise.rochard/


Vous êtes photographes et vous souhaitez donner de la visibilité et de la résonance à votre travail ? Notre rubrique Portfolio vous est consacrée !

Comment participer ?
Pour soumettre votre travail à la rédaction, il vous suffit d’envoyer à info@9lives-magazine.com

• Une série composée de 10 à 20 images. Vos fichiers doivent être en 72DPI au format JPG avec une taille en pixels de 2500 pixels dans la plus grande partie de l’image ;
• Des légendes (si il y a) ;
• Un texte de présentation de votre série (pas de format maximum ou minimum) ;
• Une courte biographie avec les coordonnées que vous souhaitez rendre public (site web, email, réseaux sociaux…)