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La fabrique d’Exils de Josef Koudelka à Pompidou

Temps de lecture estimé : 3mins

La nouvelle exposition de la Galerie de Photographies du Centre Pompidou vient d’ouvrir ses portes au public. Elle retrace la genèse de l’ouvrage devenu culte, « Exils », de Josef Koudelka. L’an dernier, le photographe d’origine tchèque fait don de 75 photographies issues de cette série aux collections du Musée National d’Art Moderne, amorçant ainsi les prémices de cette exposition curatée par Clément Chéroux. Cela faisait presque 30 ans que Koudelka n’avait pas été présenté à Paris.

Un apatride en exil

« Je savais que je n’avais pas besoin de grand chose pour vivre et photographier – juste de quoi manger et une bonne nuit de sommeil. J’ai appris à dormir partout, dans n’importe quelles circonstances. Ma règle était : ‘Ne t’inquiète pas de savoir où tu vas dormir ; jusqu’à présent, tu as toujours dormi quelque part et tu dormiras de nouveau ce soir‘ « . J. K.

En 1968 commence l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie, Josef Koudelka suit les événements du déferlement russe avec sa série « Invasion ». En 1970, à l’occasion d’un voyage à l’étranger il décide de ne pas rentrer au pays, renonce à sa nationalité tchèque  et entame un long voyage : celui de l’Exil qui durera près de 20 ans.
Deux décennies d’une vie sans attache, nomade, durant lesquelles il parcourt les villes d’Europe au printemps et en été. En hiver, il est à Londres ou à Paris (chez des amis ou à l’agence Magnum), pour tirer les images qu’il a réalisées les six mois précédents.

C’est d’ailleurs ainsi que débute l’exposition, avec une photographie issue de la série « Invasion » datant de 1968. On y voit la montre de Josef Koudelka devant la place Venceslas à Prague, désertée, au lendemain de l’arrivée des chars de l’armée rouge.
Commence ainsi le compte à rebours avant l’exil…

« Etre un exilé exige de repartir à zéro. C’est une chance qui m’a été donnée. » J. K.

Exil, du livre à l’exposition

En 1988, Robert Delpire publie « Exil », un livre à succès qui sera retiré à plusieurs occasions et même réédité deux fois. Cette exposition explique les choix de Josef Koudelka pour cet ouvrage mythique, avec la présence de quelques images inédites de la série, mais également des autoportraits inédits.

L’exposition est construite en 3 espaces et composée de 6 parties. La première, introductive, présente le compte à rebours d’exil avec la photographie de la montre (ndlr : du paragraphe précédent) en grand format. Puis, pour comprendre la méthodologe de travail, l’exposition présente les planches de son Katalog.
Pour donner de la cohérence à son travail, Josef Koudelka a découpé des petites reproductions de ses images pour les associer par forme ou par thématique. Il cherche, il associe, et c’est ce travail permettant de faire ressortir les axes forts de sa pratique photographique qui vont le conduire au choix final d’Exil.

L’exposition va donc donner, dans la salle centrale, une toute autre lecture que celle du livre, qui est une vision unitaire de son travail où l’image est perçue dans son autonomie. Ici, on découvre les 75 photographies rassemblées grâce aux associations opérées dans le Katalog.

La dernière salle nous offre une série étonnante d’autoportraits, tenue secrète jusqu’à aujourd’hui, intitulée « Réveil »,  le montrant dans sa vie de nomade au réveil ou au couché, et une mosaïque de 9 images immortalisant d’une manière quasi conceptuelle ces lieux de sommeil.

EXPOSITION
La fabrique d’Exils
Josef Koudelka
Du 22 février au 22 mai 2017
Centre Pompidou
Galerie de Photographies – Forum -1
Place Georges-Pompidou
75004 Paris
http://www.centrepompidou.fr
http://www.magnumphotos.com

CATALOGUE
La fabrique d’Exils
Josef Koudelka
Textes : Clément Chéroux, Michel Frizot
Co-Edition : Xavier Barral et Centre Pompidou
160 pages
90 photographies
42€
http://exb.fr

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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