OtherSide

Entretien avec Pascal Neveux, Directeur du Frac Paca (2nde partie)

Temps de lecture estimé : 7mins

Voici la seconde partie de notre entretien  avec Pascal Neveux, Directeur du Frac Paca inauguré en 2013 dans le quartier de la Joliette à Marseille. Nous évoquons aujourd’hui la présence du Fond en région et à l’international et sa programmation.

9 lives : Le Frac et le territoire : quelles synergies nationales et internationales ?

Pascal Neveux : Au sein du quartier de la Joliette qui a connu une véritable mutation après l’implantation du Frac nous développons des synergies avec les entreprises de ce nouveau quartier d’affaires Euroméditerranée à travers un club d’entreprises engagées (prêt d’œuvres, résidences d’artistes en entreprise, privatisation des espaces..) et de nombreuses collaborations et actions de sensibilisation.

Ce qui est le plus frappant c’est d’être devenu un acteur culturel repéré et sollicité par de nombreuses institutions en France et à l’étranger. On mesure dans ce contexte à quel point l’architecture de Kengo Kuma a apporté une visibilité tout à fait nouvelle et importante à nos actions.

En complément de ce qui a déjà été mentionné et sur le territoire marseillais, la présence du FRAC lors des rendez-vous pérennes et identifiés : Printemps de l’art contemporain, Art-O-Rama ou le salon Paréidolie est importante et ce n’est pas un hasard si le FRAC, membre fondateur du réseau Marseille-Expos fait figure de tête de réseau. Réseau dont j’assure la présidence depuis trois ans.

Si l’on revient quelques instants sur Paréidolie à l’occasion de cette 4ème édition, notre partenariat est de toute évidence naturel et symbolique de cette attention que nous portons à l’enrichissement de notre corpus de dessins. Le Frac se devait d’être de l’aventure et nous en sommes très heureux. Je suis de plus un des membres du comité de sélection des galeries. Nous avions déjà collaboré avec Mark Dion lors de son exposition au musée de l’Arles antique en 2010 reconstituant le cabinet d’un archéologue, l’artiste étant également présent à Dignes sur la route de l’art contemporain. Lors de nos échanges avec Martine Robin (co-fondatrice de Paréidolie) autour de l’édition 2017 et dès lors qu’elle voulait investir le musée d’histoire naturelle de Marseille, Mark Dion s’est vite imposé comme une figure incontournable.

En partenariat avec la Galerie In Situ Fabienne Leclerc à Paris et sous le commissariat d’Antoine Laurent, nous avons transformé le plateau expérimental du FRAC en un véritable cabinet de curiosités réunissant un grand nombre de séries de dessins, parfois inédits en dialogue avec l’accrochage de Mark Dion au Musée d’Histoire naturelle de Marseille.

A l’international :

On a constaté ce qui n’était pas une évidence au départ, que l’architecture est un formidable vecteur de communication à l’international et que la signature de Kuma nous a ouvert de nombreuses portes et partenaires à l’échelle nationale et européenne. Nous sommes aujourd’hui sollicité par des structures avec lesquelles nous avions ou pas travaillé par le passé, apparaissant comme un relais potentiel, ouvert et stimulant de part la qualité et diversité de nos espaces d’exposition et notre capacité évènementielle. Ce positionnement différent est l’autre enjeu majeur pour le Frac : s’inscrire dans cette dynamique internationale en s’appuyant sur les nombreux atouts partenaires, jumelages tissés par la région et la perspective en 2018 de MP 18 Quel Amour !!, réplique de la Capitale européenne de la Culture de 2013 et l’organisation pour la première fois en France de Manifesta 13, biennale européenne d’art contemporain à Marseille.

Cette attractivité renforcée à l’étranger nous a conduit à concevoir dès le départ nos projets d’expositions dans une dynamique de circulation et de recherche de partenariats à l’échelle européenne. Nous avons commencé avec Lieven De Boeck en 2016 avec l’exposition  « Image not found » avec un 2ème volet au musée belge Dhondt-Dhaenens. L’exposition actuelle de Pascal Pinaud s’inscrit également dans une quadrilogie avec 3 autres lieux. Cette dimension partenariale est devenue récurrente et pas uniquement pour des nécessités financières certes nécessaires mais aussi pour offrir aux artistes que nous soutenons une visibilité plus grande et des moyens de production ou d’édition bien plus importants que si nous étions seuls à porter nos projets, c’est une évidence absolue.

9 lives : La programmation : une offre démultipliée

P. N. : La configuration du bâtiment offre la possibilité de présenter simultanément différents projets, de quatre à cinq projets sur une même période tout en mettant en œuvre une programmation d’expositions et d’événements qui opèrent sur des temporalités plus courtes à l’occasion de nocturnes ou de temps forts.

Les grands plateaux 1 & 2 proposent une programmation annuelle de 4 expositions (2 ou 3 monographies et une exposition thématique ou collective avec un commissaire invité)

Autres petits plateaux :

Le plateau multimédia (film de Marie Bovo), plateau expérimental (MarKDion) et le 3éme plateau (dédié à l’édition) évoluent à un rythme plus court et réactif lié à des rencontres, visites d’atelier, restitutions, dans une volonté de soutien à la scène émergente avec une attention particulière à l’activité régionale étant sur un territoire où l’émergence reste omniprésente.

Cet ensemble nous permet d’offrir un programme dense tout au long de l’année avec une cinquantaine de projets qui viennent s’associer aux Grands plateaux à travers des évènements, nocturnes, week-ends de lancement..Mon fer de lance est de réaffirmer que le Frac est une plate-forme de diffusion et de production ouverte et ne pas rester le seul maître à bord de la programmation mais aussi d’inviter d’autres structures comme l’association Voyons Voir qui met en place des résidences dans les vignobles ou  régulièrement l’Ecole d’art et de design de Marseille (exposition Réactiver en ce moment au plateau atelier). Le Frac doit être perçu comme un laboratoire de recherche et de ressource pluridisciplinaire s’associant pleinement aux nombreuses initiatives de la région (festivals multiples) pour devenir un lieu de déambulation, d’itinérance des projets et des publics. Du côté des artistes, je souhaite en faire un lieu d’accueil où les artistes peuvent aussi venir chercher de l’information, des conseils, de l’accompagnement mais aussi des moyens de production, de résidences comme celle initiée avec le Frac Franche-Comté à Besançon. Notre rôle est aussi de les inciter à aller au delà de ce microcosme régional confortable et de les promouvoir et accompagner sur d’autres scènes artistiques.

9 lives : Comment jugez vous la période « charnière » 2015-2017 ? selon vos termes et quelles ambitions pour au delà ?

P. N. : J’ai déjà évoqué cette période qui permet de mesurer à présent le chemin parcouru depuis l’évènement Marseille Capitale de la culture où nous devions être opérationnels très rapidement. Il y a eu un avant et un après.

L’enjeu est donc de conforter la dimension réseau, de se positionner à l’international en termes de partenariat, de circulation de la collection et d’accompagner les artistes implantés ici qui au delà de la dynamique d’acquisition ont besoin de pouvoir bénéficier de différentes actions de soutien.

En ce qui concerne notre financement et face à des contraintes budgétaires fortes nous devons nous tourner davantage vers le mécénat ou la privatisation et développer nos ressources propres. C’est une nouvelle histoire qui s’écrit pour le FRAC depuis 2013 et tous les schémas établis sont à réinventer.

ACTUELLEMENT AU FRAC :
• Pascal Pinaud, Parasite Paradise (plateau 1&2)
Jusqu’au 5 novembre 2017
• Mark Dion (plateau expérimental)
Jusqu’au 24 septembre 2017
• Troublant la langue et la vision -N/Z : une revue d’art et de littérature s’expose (3ème plateau)
Jusqu’au 5 novembre 2017

PROCHAINEMENT AU FRAC :
• Le bruit des choses qui tombent, dans le cadre de l’année croisée France-Colombie.
Commissaire de l’exposition : Albertine de Galbert
(plateau 1 & 2 et multimédia)
• Eduardo Berti et Monobloque, Inventaire d’inventions (inventées)
Commissaire : Pascal Jourdana
(3ème plateau)
Du 2 décembre 2017 au 18 février 2018
• Olivier Rebufa, Au Royaume de Babok
Commissaire : Pascal Neveux
(plateau expérimental)
Du 2 décembre 2017 au 14 janvier 2018
• MP 2018 Quel amour !
(plateau expérimental)
Du 26 janvier au 18 février 2018

INFORMATIONS PRATIQUES
Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur
20 Boulevard de Dunkerque
13002 Marseille
Horaires : du mardi au samedi de 12 à 19h, le dimanche de 14 à 18h (entrée gratuite ce jour là)
Tarifs : plein 5€ ou 2,50€ réduit
N’oubliez pas de faire une pause au restaurant Taste au design soigné et à la carte home made !
https://www.fracpaca.org

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans OtherSide