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Rencontre avec Nathalie Miltat de l’Appartement 27bis

Temps de lecture estimé : 4mins

Nathalie Miltat imagine un format inédit d’exposition et de partage de l’art dans son loft du 10è arrondissement où elle invite un commissaire à poser son regard et donner une réponse au lieu. Appartement s’est imposé dans le paysage offrant une respiration nouvelle avec des artistes comme Natacha Lesueur, Guy Yanai, Bertrand Lavier et bientôt Farah Khalil. Mais cette historienne de l’art et mécène à l’énergique élégance, voit plus loin. Elle nous dit pourquoi.

« Une chose est certaine : nous sommes à un moment charnière où l’Afrique est tendue vers l’avenir et prend en main la construction de sa place à plus long terme. La confiance en est un élément crucial ».

9 lives : Que pensez-vous de l’engouement pour l’Afrique ce printemps à Paris, est ce uniquement un effet de mode, un concept vendeur pour le marché ou une véritable lame de fond ?

Nathalie Miltat : J’observe que l’intérêt de la France pour l’Afrique se produit de manière sporadique : les Magiciens de la Terre, Africa Remix, et entre les deux, plusieurs années. Il est nécessaire que l’Afrique soit inscrite dans l’agenda culturel annuel. Même s’il faut se réjouir que l’on parle à nouveau de l’Afrique et j’en suis la première, avec l’idée d’apporter une visibilité plus grande à ce continent à travers l’art notamment, une fois que l’effet de mode se sera retiré il faudra continuer à creuser les sillons. Car le propre de la mode, c’est de passer. Une chose est certaine : nous sommes à un moment charnière où l’Afrique est tendue vers l’avenir (je pense par exemple aux Adicom Days sur la communication digitale), et prend en mains la construction de sa place à plus long terme. La confiance en est un élément crucial. C’est enthousiasmant.

M : Votre exposition monographique de Myriam Mihindou, véritable coup d’envoi de cette saison africaine est-elle le reflet d’un engagement plus en profondeur ?

N. M. : Myriam Mihindou est la seconde artiste présentée par la commissaire d’exposition Sonia Recasens dans le cadre de la troisième saison d’Appartement. Myriam Mihindou, Franco-gabonaise, d’ici et nomade, traduit la synthèse de mes engagements : la quête d’une visibilité à l’art contemporain africain (à travers l’association Orafrica et le prix Orisha) et Appartement, espace d’exposition qui dit l’espace où je vis, la France et plus largement l’Occident. La question posée est comment exprimer en une synthèse ma position d’être d’ici et d’ailleurs.

M : Pourquoi lancer Orafrica et comment cette association s’inscrit-elle en cohérence de vos actions précédentes en faveur de la scène africaine et internationale contemporaine ?

N. M. : Orafrica est une association qui se veut une plateforme de valorisation multiforme, offrant une visibilité à l’art et aux artistes africains à travers 3 outils : des journées d’études pour élaborer une pensée critique, des rencontres pour présenter des initiatives novatrices autour de l’art et des cultures subsahariennes, et enfin le prix d’art contemporain Orisha. De fait, Orafrica élargit son champ d’action et l’intérêt pour l’Afrique. Ce n’est effectivement pas ma première initiative dans ce sens, qui remonte à plusieurs années avec la création en 2005 de la Noire Galerie.

M : Quel bilan faites vous d’Appartement qui en est à la saison 3 ? Quels nouveaux objectifs vous animent ?

N. M. : Appartement compte aujourd’hui son public qui s’agrandit et se renouvelle aussi de saison en saison. C’est aussi le résultat de notre programmation qui est annuelle et je suis contente de ce résultat. Nous avons exposé des artistes Européens, Africains, internationaux. Je souhaite continuer à m’ouvrir à plus de nouvelles sensibilités et de nouveaux espaces géographiques.

M : Question plus personnelle : si vous aviez un rêve à un horizon de 5 ou 10 ans ?

N. M. : Une reconnaissance accrue des artistes africains à la hauteur de leur talent en dehors mais surtout en Afrique même. Imaginer des expositions au Centre Pompidou mettant en avant des artistes africains au même titre que d’autres. Imaginer une grande « Nuit Blanche » sur le continent africain, avec des découvertes du public, des brassages d’idées, d’artistes d’un pays à l’autre. Que l’art soit naturellement au centre de la vie car il est générateur de puissants élans. Je pense que d’ici à 5 ans, formation et structuration auront fait leur chemin et dans 10-15 ans, je ne serai pas loin de mes rêves !

ACTUELLEMENT À APPARTEMENT :
Myriam Mihindou
« La Sève du Nkoso »
Jusqu’au 1er avril 2017
Appartement 27bis
27bis, rue Jacques-Louvel-Tessier
75010 Paris
Ouvert du mardi au samedi de 15 h à 19 h
http://appartement-27bis.com/

PROCHAINEMENT
Farah Khalil
A partir du 9 juin 2017

Prix Orisha :
http://www.orafrica.com/prixorisha/#/home
Sous l’égide de la plateforme :
Orafrica | Pour l’art & la culture subsaharienne

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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